Croquant
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Nous en sommes là : avec une extrême droite aux portes du pouvoir et qui a failli l'emporter. Qui gagnera si on n'engage pas tous les moyens pour l'empêcher. Or cette extrême droite est féroce : elle n'a rien abandonné de son racisme ni de sa violence, malgré ses tentatives pour se respectabiliser. Ce livre examine son programme et ses stratégies, la machine médiatique qui lui sert de marchepied et le pouvoir en place qui ne cesse de la favoriser en imitant son projet. Mais l'analyse ne suffit pas : battre l'extrême droite exige non seulement de comprendre ce qu'elle est, avec ses mensonges, ses faux-semblants et ses mesures de régression sociale, mais aussi de proposer une alternative véritable, qui aide à se fédérer. D'urgence : remettre la honte au racisme, miser sur la solidarité et considérer nos vies à égale dignité. Ludivine Bantigny est historienne. Elle a publié de nombreux livres d'histoire sociale et politique parmi lesquels La France à l'heure du monde (Seuil), 1968. De grands soirs en petits matins (Seuil), Révolution (Anamosa), La Commune au présent. Une correspondance par-delà le temps (La Découverte) et Une histoire globale des révolutions avec Quentin Deluermoz, Boris Gobille, Laurent Jeanpierre et Eugénia Palieraki (La Découverte). Ainsi que des essais : Face à la menace fasciste avec Ugo Palheta (Textuel), L'ensauvagement du capital (Seuil), Que faire ? Stratégies d'hier et d'aujourd'hui pour une vraie démocratie (10/18).
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Palestine : Vérité et justice
Azmi Bishara
- Croquant
- Societes Et Politique
- 10 Décembre 2024
- 9782365124546
Paru en anglais en 2022, cet ouvrage constitue une analyse majeure de la genèse et de l'évolution du conflit israélo-palestinien, écrit par l'un des intellectuels palestiniens qui connaît le mieux la scène politique israélienne. Il offre ainsi des outils de compréhension des logiques structurelles du conflit encore à l'oeuvre aujourd'hui.
En partant des paradigmes de settler colonialism (colonialisme de peuplement) et d'Apartheid, Bishara examine la manière dont Israël est parvenu, depuis 1948, à imposer sa politique du « fait accompli ». Il décrypte les stratégies discursives, coercitives, diplomatique, économique, qui ont permis à Israël de s'imposer par la force. Il renverse ensuite l'intégralité des récits, aussi bien des mythes fondateurs d'Israël que des discours militaires et diplomatiques, pour analyser le traité Trump-Netanyahou et d'examiner le rôle de l'administration américaine dans cette politique du « fait accompli».
Azmi Bishara illustre parfaitement ce tournant sémantique et analytique qui consiste à bouleverser les récits dominants et sortir la question Israélo-palestinienne de son prétendu exceptionnalisme, en la comparant avec d'autres situations coloniales. Cette grille de lecture comparatiste reste pourtant à la marge en France, à rebours des évolutions en cours dans notre société, qui continue de privilégier des lectures présentistes focalisées sur l'« affrontement » et le « processus de paix » entre Israéliens et Palestiniens.
Cet ouvrage permet de répondre à une demande sociétale de renouvèlement analytique. En ce sens le livre d'Azmi Bishara offre une utile synthèse pour tous ceux qui souhaitent saisir les ressorts de la domination israélienne y compris sur le temps long. -
Pour une écologie de rupture
Martine Billard, Pascal Gassiot, Jean-Marie Harribey
- Croquant
- Les Partis Pris De La Fondation Copernic
- 7 Mars 2024
- 9782365124140
Pour une écologie de rupture Cet ouvrage de la collection « Les partis pris de la fondation Copernic » regroupe différents textes qui, à l'image de la diversité des engagements des militant·es de la fondation, multiplient les points d'entrée sur le thème de l'écologie :
1. réchauffement et dérèglement climatiques, destruction de la biodiversité, extractivisme ;
2. besoins et biens communs, rapports nature/culture ;
3. marchandisation généralisée des échanges, économie, finance ;
4. décroissance, démondialisation, libre échange, néocolonialisme, migrations ;
5. rapports de domination, démocratie, auto-organisation, souveraineté populaire, écoféminisme .
Derrière les textes, un fil-à-plomb se fait jour. C'est l'analyse du capitalisme (sous toutes ses formes), du productivisme et de l'extractivisme comme moteurs essentiels de l'ère géologique dans laquelle nous sommes aujourd'hui : l'anthropocène ; que beaucoup préfèrent d'ailleurs qualifier de capitalocène.
Mais, un autre constat se dessine aussi : la nécessaire, l'urgente bifurcation écologique, obligatoire pour garder une Terre habitable pour tou·tes, va demander, générer de facto des basculements, d'ordre anthropologique, qui vont impacter toutes nos manières de faire Monde.
Pour le meilleur comme pour le pire. -
Crise écologique, inégalités : la faute au marché ! Il faut donc planifier. Mais comment planifier une société qui est pour l'essentiel à inventer ? Au terme d'un bilan assez détaillé tant du libéralisme que des modèles de socialisme cherchant à le dépasser positivement, à l'exemple de l'expérience yougoslave, la thèse développée dans ce livre à la suite de Rudolf Bahro et d'Otto Neurath est que l'enjeu est moins de planifier ou de socialiser le marché que de maîtriser les modes de vie, pour permettre aux humains de faire l'histoire qu'ils font. Ceci suppose de sortir de « l'économisme », qui réduit la discussion aux prix et/ou aux quantités, pour saisir de façon dialectique le devenir les trajectoires collectives et explorer l'avenir ; et, dans ce but, de s'appuyer sur la recherche matérialiste et collective de la vérité, dans la complexité de ses trois dimensions, contre les trois grandes formes de fétichisme et de rapports de force que sont la domination, l'exploitation et l'aliénation. Il apparaît alors clairement qu'un changement d'identité engage des actions très différentes d'un changement politique (prendre le pouvoir) ou d'un changement économique (affecter des ressources). De là une vision renouvelée d'une dialectique matérialiste, émancipatrice.
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Israël, le Hamas et la question de Palestine
Jacques Fath
- Croquant
- Actualite Politique Et Sociale
- 16 Mars 2024
- 9782365124324
Dans l'histoire du conflit israélo-palestinien, c'est la première fois qu'une confrontation armée entre Israël et le Hamas à Gaza prend une telle dimension de violence meurtrière et destructrice.
Ce choc majeur aura des suites inédites. Il change la donne internationale. La question de l'après se pose avec une grande complexité. Les objectifs des uns et des autres, les conséquences prévisibles, les antagonismes ancrés dans l'histoire ne permettent pas d'entrevoir la nature d'une issue à construire.
Cet ouvrage cherche à répondre à ces interrogations, à analyser les causes et les responsabilités, à expliciter des enjeux déterminants. Il formule des options politiques souhaitables pour que la gravité de ce moment de guerre puisse au moins contribuer à une démarche éthique et politique positive, et à penser une solution de justice et de paix durable. -
Les grands discours à l'ONU. De Harry Truman à Greta Thunberg
Chloé Maurel
- Croquant
- 9 Avril 2024
- 9782365124300
L'ONU est souvent vue comme une grande bureaucratie inefficace, un « machin » ainsi que la qualifiait le général de Gaulle en 1960... Mais ce livre entend montrer que l'ONU, c'est aussi la plus grande tribune mondiale, la « voix du monde », avec son Assemblée générale où les 193 Etats membres sont représentés, et où les grands leaders politique du monde peuvent s'exprimer devant tous les représentants des Etats membres. C'est la plus grande enceinte internationale, la porte-voix des peuples. Cette Assemblée générale, l'enceinte mondiale la plus démocratique puisque chaque Etat, riche ou pauvre, y est doté d'une voix, constitue un formidable forum pour les grands dirigeants, et elle a, au fil de l'histoire, permis à des personnages historiques de prononcer des discours marquants, qui ont eu un impact déterminant sur les relations internationales : guerre froide, conflit israélo-palestinien, attentats du 11 septembre 2001...
Ce livre mettra en lumière l'importance de ce forum mondial, en présentant pour la première fois une sélection des grands discours prononcés dans l'enceinte de l'ONU. En effet, cette organisation internationale, universelle, a accueilli des hommes et femmes politiques et personnalités célèbres, du dirigeant soviétique Khrouchtchev qui, lors de son discours en 1960, n'a pas hésité à taper sur la table avec ses chaussures, à Dominique de Villepin en 2003 dans son flamboyant plaidoyer contre la guerre en Irak, ou encore de Fidel Castro qui a fait en 1960 le plus long discours de l'histoire de l'ONU (d'une durée de 4h30 sans pause!) au leader palestinien Yasser Arafat en 1974, ou encore au pape François prononçant un émouvant discours à l'ONU en 2015, et jusqu'à la jeune Greta Thunberg, égérie des militants pro-climat, en 2019.
Les discours seront sélectionnés en fonction de l'importance internationale des orateurs, et de l'impact qu'ils ont exercé dans les médias et sur les relations internationales.
Ce ne sera pas un simple recueil de discours : chaque discours sera précédé d'un paragraphe introductif, présentant le contexte historique, le personnage, analysant des passages précis de chaque discours, et sera suivi d'un ou deux paragraphes d'analyse, examinant la portée, les répercussions de ces mots prononcés dans l'enceinte onusienne.
Caractère novateur du livre :
Un tel recueil commenté des discours prononcés à l'ONU n'a jamais été fait, et cette manière originale d'aborder l'histoire des Nations unies intéressera le public, car elle est vivante et centrée sur des personnages, elle a donc une dimension humaine, elle humanise cette institution internationale.
Public visé :
Ce livre intéressera tout d'abord le grand public amateur d'histoire et de relations internationales, car il permettra de revisiter toute l'histoire du XXe siècle, en rappelant les grands discours qui ont marqué la mémoire collective.
De plus, il pourra être très utile aux professeurs et étudiants d'histoire, de science politique, aux élèves de lycée, des classes préparatoires littéraires aussi bien que commerciales, ainsi qu'aux étudiants et enseignants de Sciences Po. -
Pourquoi tant de votes RN dans les classes populaires
Gérard Mauger, Willy Pelletier
- Croquant
- 23 Mai 2023
- 9782365123891
Ce livre est une version actualisée, augmentée et remaniée, de l'ouvrage publié en 2016 aux éditions du Croquant1. Cette initiative était une conséquence de l'inquiétude suscitée par l'ascension du Front National (FN), non seulement chez les militants et les intellectuels « de gauche », mais aussi chez les chercheurs en sciences sociales. Les résultats des élections présidentielles et législatives de 2022 n'ont fait que la renforcer : d'où cette réédition actualisée et complétée par de nouvelles enquêtes. Mais cette nouvelle version ne vise pas tant (en tout cas pas seulement) à alerter qu'à tenter de rendre compte sociologiquement de l'essor du RN (Rassemblement National) avec la conviction qu'une meilleure connaissance du phénomène peut aider à en déjouer les mécanismes.
Une ascension inexorable ?
Rompant avec une « neutralité axiologique » souvent revendiquée, mais sans doute plus stratégiquement « opportune » qu'épistémologiquement fondée2, cette inquiétude doit évidemment quelque chose à la progression électorale du FN. Elle peut, en effet, sembler inexorable depuis le début des années 1980. Lors des élections législatives de mai 1981 consécutives à l'élection de François Mitterrand à la présidence de la République, le score du FN était encore, en effet, celui d'un groupuscule : 0,18 %. Mais, aux élections régionales de 2015, le FN obtenait 6,8 millions de voix au second tour, soit 30 % des suffrages et arrivait en tête au premier tour dans la moitié des régions et dans plus de la moitié des communes. En 2017, Emmanuel Macron obtenait deux fois plus de votes que Marine Le Pen. En 2022, l'écart s'est réduit à 16% des votants. Au deuxième tour des élections législatives de 2022, le RN obtenait, à la surprise générale, 89 députés, trois fois plus qu'en 1986, un véritable « tsunami » selon Jordan Bardella, alors président par intérim du RN. Il consolidait, en effet, son implantation dans l'ancienne France industrielle du Nord et du Nord-Est et dans la France du Sud-Est jusqu'aux Pyrénées orientales et il étendait son ancrage territorial. Avec ses 89 députés crédités d'une « image rassurante » (56 hommes, 33 femmes, 46 ans en moyenne, 42 titulaires de mandats électifs, 44 cadres et professions intellectuelles supérieures) et deux vice-présidences à l'Assemblée nationale, le RN, qui refuse désormais d'être classé « à l'extrême-droite », accélère sa « normalisation » et consolide sa « respectabilité »3.
Un parti d'extrême-droite ?
L'inquiétude suscitée par cette ascension est inséparable de l'hystérésis d'une représentation du FN. En mai 1981, son label « d'extrême droite » n'était guère discutable. Le FN de Jean-Marie Le Pen, antisémite, sinon négationniste, raciste et hostile à la démocratie, se recrutait chez d'anciens pétainistes, miliciens retraités, collaborateurs et vétérans de la Légion des Volontaires Français, chez des anciens de l'OAS et leurs sympathisants, chez des catholiques traditionnalistes4. L'inquiétude persistante suppose donc que le RN d'aujourd'hui n'est au fond pas très différent du FN d'hier. Mais cette pérennité de la représentation pose le problème de la « normalisation » du FN. Outre que l'actuelle direction du RN a travaillé à sa « dédiabolisation », les partis de droite « classique » (l'UMP puis LR), en reprenant à leur compte des thèmes de prédilection du FN comme « l'immigration », « l'assistanat » ou « l'insécurité », ont objectivement contribué à leur « banalisation » et, ce faisant, à celle du RN. Par ailleurs, la campagne d'Éric Zemmour pour les élections présidentielles de 2022 a contribué à la « dédiabolisation » du RN en permettant son « recentrage »5. Mais, à l'inverse, les « partis de gouvernement » (du Parti Socialiste - PS - à La République En Marche - LREM), dont « l'épouvantail Le Pen » est devenu l'ultime argument électoral (« faire barrage au RN »), soulignent, non sans quelques arguments, la continuité entre le RN et le groupuscule d'extrême-droite des années 19706.
La question du classement politique du RN se pose d'autant plus que l'invention d'un nouveau label politique - le « populisme » - plus proche, selon Annie Collovald, d'une nouvelle « insulte politique » ou d'une « injure polie »7 que d'un concept, permet d'assimiler La France Insoumise (LFI) au RN et de disqualifier LFI par « contagion » (« le danger populiste »). En fait, Daniel Gaxie montre que le programme du RN est caractérisé par ses ambiguïtés, sinon ses incohérences8. Ils constituent autant d'atouts pour un « catch large party » où peuvent se reconnaître à la fois des militants d'extrême-droite (« faute de mieux »), des catholiques traditionnalistes (« pour défendre la famille »), des « rapatriés d'Algérie » (« pour endiguer l'immigration »), des professionnels du maintien de l'ordre (« pour lutter contre la délinquance »), des indépendants de toutes sortes (« contre la fiscalité et les charges ») et diverses fractions des classes populaires (« des fâchés pas fachos », dont on s'efforcera ici d'élucider « les raisons »). Dans cette perspective, il faudrait prolonger l'enquête en analysant le RN comme « un champ » (où s'affrontent diverses tendances), lui-même pris dans un « champ politique » où chaque parti doit se démarquer de ses concurrents pour conquérir « le monopole de l'usage légitime des ressources politiques objectivées (droit, finances publiques, armée, police, justice, etc.) »9. À l'issue des élections de 2022, le RN est l'un des quatre pôles d'un champ politique structuré par quatre blocs à peu près équivalents : en substance et dans l'ordre, celui d'Emmanuel Macron, celui de l'abstention, celui de Marine le Pen et celui de Jean-Luc Mélenchon10. Le RN y apparaît, selon Daniel Gaxie, comme « un parti marginal, reconnu et stigmatisé » ou « un parti marginal ascendant »11. Mais l'abstention reste le premier « parti » de France12, obérant, scrutin après scrutin, la légitimité des élus. En dépit des appels de la NUPES (Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale), 67 % des ouvriers et 64 % de ceux dont le revenu mensuel est inférieur à 1250 euros se sont abstenus (IPSOS). La Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale (NUPES) cumule 142 députés, ébauchant ainsi la renaissance d'une « gauche de gauche » dans l'espace politique laissé vacant par la décomposition de « la gauche PS-PC », mais sans pour autant reconquérir l'adhésion des classes populaires13 à l'exception des banlieues des grandes villes. Au deuxième tour des élections législatives, la remobilisation espérée des abstentionnistes n'a pas eu lieu, l'abstention - 53,77 % - a même progressé par rapport au premier tour14.
Un parti populaire ?
Le désarroi provoqué par la progression électorale du RN est également lié aux questions que posent à la fois cette extension de l'abstentionnisme des classes populaires et celle des votes populaires en faveur du RN.
Jusqu'à une date récente, l'abstention était restée un phénomène relativement secondaire (autour de 20 % des inscrits) et, de ce fait, peu étudié. En avril 1848, alors que la population était encore pour moitié analphabète, la participation à l'élection de l'Assemblée constituante (au suffrage universel masculin) atteignait 83,6 % des inscrits. Et lors des élections de mai 1936, où le Front populaire l'avait emporté, le taux d'abstention était l'un des plus faibles de toute l'histoire des élections législatives : 15,6 %. De nouveaux records de participation sont atteints au cours des années 1970 où la gauche dispute le pouvoir à la droite : l'élection présidentielle de 1974 où s'affrontent François Mitterrand et Valéry Giscard d'Estaing mobilise près de 9 électeurs sur dix (87,3 %) et, lors du second tour des élections législatives de 1978, 84,9 % des électeurs inscrits se rendent aux urnes. Mais, à partir de la deuxième moitié des années 1980, l'abstention s'envole : au deuxième tour des élections législatives de 2007, près de quatre inscrits sur dix s'abstiennent. Aux élections européennes de 2014, on compte 56 % d'abstentions, 50 % aux élections régionales et départementales de 2015, 25 % d'abstentions au deuxième tour de l'élection présidentielle de 2017, 52 % d'abstentions au premier tour des élections législatives de 2017. Ce désintérêt voire cette aversion à l'égard de la vie politique15 revêtent différentes formes : non-inscription, mal inscription, abstention, inégalités croissantes de politisation, votes sans conviction, etc.16 De sorte qu'une « démocratie de l'abstention »17 semble s'être mise en place où c'est l'inégale distribution du vote et de la non-inscription (massivement populaires) qui met en évidence la persistance des clivages de classe18.
Comment rendre compte, par ailleurs, de l'essor du vote RN dans les anciens bastions ouvriers du Nord et de l'Est désindustrialisés ou dans « le Midi rouge »Â ? Si nul ne s'étonne de voir un petit commerçant (supposé « naturellement poujadiste ») ou un bourgeois catholique traditionnaliste voter FN, le vote populaire en faveur du RN interpelle à la fois « ceux pour qui le peuple est une cause à défendre »19, ceux qui tendent à « accorder au peuple la connaissance infuse de la politique »20 et, plus encore, sans doute, ceux qui persistent à croire à la vision messianiste de la « classe ouvrière ». Le vote populaire en faveur du RN les confronte à un paradoxe du même genre que celui qu'a étudié Thomas Frank aux États-Unis : Pourquoi les pauvres votent à droite ?21. La déconvenue et la perplexité sont d'autant plus grandes que ce vote populaire en faveur du RN semble valider le point de vue de « ceux pour qui le peuple est un problème à résoudre »22 et consolider le « racisme de classe » de ceux qui assimilent les ressortissants des classes populaires à des « beaufs » machistes et homophobes, racistes et xénophobes, etc.23 La controverse suscitée par le vote populaire en faveur du RN réactive l'alternative classique entre « misérabilisme » et « populisme »24, deux formes de l'ethnocentrisme des classes dominantes25. Seule l'enquête peut dénouer ce genre de controverse en tentant à la fois de cerner l'ampleur, la distribution et l'évolution du vote populaire en faveur du RN, d'en comprendre « les raisons » socialement diversifiées et d'en élucider « les causes », c'est-à-dire de rendre compte de l'ancrage - socialement différencié - de ces diverses « raisons » de voter FN.
Objectiver le vote populaire en faveur du RN Mais comment cerner l'ampleur, la distribution et l'évolution du vote populaire en faveur du RN ? Toute tentative de mesure est confrontée à la difficulté d'étudier les rapports entre deux entités mal définies. Dans la mesure, d'une part, où le RN est un « parti attrape-tout », cerner « ce qu'est le RN » au regard de ceux qui votent en sa faveur - « un conglomérat » plutôt qu'un « électorat »26 - est un objet d'enquête. La question renvoie ainsi à l'inventaire des « raisons » de voter RN. Dans la mesure, d'autre part, où « le populaire » n'est plus ce qu'il était encore dans les années 1970, délimiter les contours des classes populaires dans la société française contemporaine rencontre également de nombreuses difficultés27. « La classe ouvrière » a subi une véritable éclipse consécutive à la fois à la désindustrialisation massive, à l'affaiblissement intellectuel et politique du marxisme, à l'effondrement du socialisme « réellement existant », à la débâcle électorale du PCF (« le parti de la classe ouvrière ») et au déclin de la CGT28. Mais si la vision d'un espace social divisé en classes antagonistes s'est progressivement défaite, on peut, néanmoins, mettre en évidence des critères qui justifient le regroupement des ouvriers et des employées au sein des « classes populaires ». Ce label démarque le groupe ainsi constitué des autres groupes sociaux : petitesse du statut professionnel ou social, étroitesse des ressources économiques, éloignement par rapport au capital culturel29.  Certes, ces classes populaires ne sont pas ce que la classe ouvrière n'a jamais été ailleurs que dans l'imagination des intellectuels. Mais, ouvriers et employées (il s'agit de femmes pour 80 % de l'effectif) représentent plus de la moitié de la population active. Relativement cohérentes, ces classes populaires sont néanmoins traversées par de nombreux clivages à commencer par celui entre « established » et « outsiders »30 que creusent l'effritement de la condition salariale, l'extension du chômage de masse, de la précarisation et de l'insécurité sociale qui en résultent31. Force est alors de supposer que les différentes composantes des classes populaires n'ont ni les mêmes raisons de s'abstenir, ni les mêmes représentations du RN, ni les mêmes raisons de voter en sa faveur.
Ainsi peut-on comprendre le caractère rudimentaire de données statistiques fondées sur la distinction entre « CSP + » et « CSP - » ou, dans le meilleur des cas, celle entre ouvriers et employées, pour tenter d'objectiver le vote populaire en faveur du RN. En l'état des données disponibles, Patrick Lehingue avait montré en 2016, que, même si les votes d'ouvriers et employées représentaient plus de la moitié des suffrages obtenus par le FN, ce vote FN ne concernait qu'un ouvrier sur sept et que c'était l'abstention - et de très loin - qui était alors le « premier parti ouvrier »32. Outre le progrès spectaculaire du RN aux élections présidentielles, les élections de 2022 montrent que le vote populaire exprimé en faveur du RN se situe entre un peu moins d'un tiers et un peu plus d'un quart des votants de la catégorie et mettent en évidence un ancrage du RN dans les fractions les plus démunies (scolairement et économiquement) des classes populaires33. Quant aux « raisons » de voter RN dans les classes populaires (sans grande compétence ni intérêt politique), on peut supposer que le RN est parvenu à inculquer, outre l'hostilité à des partis politiques interchangeables (« l'UMPS »), une vision du monde qui oppose les « nationaux » aux « étrangers ». Ce clivage « ethno-racial » occulte ainsi les divisions internes au groupe national (la lutte de classes) et fait de « l'immigration » la source de tous les maux (le chômage, la délinquance, le terrorisme) et des immigrés, de « mauvais pauvres » associés à la délinquance et à l'assistance.
« Ce que voter RN veut dire » Pour tenter de cerner plus précisément « ce que voter RN veut dire » dans les classes populaires, il faut rompre d'abord avec la convention du sens commun savant qui voudrait que le vote exprime le « choix » d'un programme et de représentants politiques et que, de ce fait, les électeurs pensent ce que pensent leurs représentants qui, eux-mêmes, expriment leur point de vue. L'enquête montre, en effet, que la connaissance des programmes, du personnel et des idées politiques est très inégalement distribuée : y compris chez ceux qui participent aux élections. Plus spécifiquement, l'abstention pose le problème des conditions sociales de possibilité d'une « opinion politique », c'est-à-dire de la compétence sociale et technique que suppose la participation à la vie politique34 : ainsi met-on en évidence une « logique censitaire » de fait35. De façon générale, l'enquête montre non seulement l'inégale distribution de la participation électorale et des compétences politiques, mais aussi celle de « l'intérêt » pour la politique36. Plus précisément, elle établit la relation très étroite entre le capital scolaire et les chances d'avoir une opinion. En fait, la propension à prendre la parole est proportionnelle au sentiment d'avoir droit à la parole37 : elle suppose à la fois une « compétence technique », c'est-à-dire à la capacité de comprendre le discours politique, mais aussi une « compétence sociale », c'est-à-dire le sentiment d'être statutairement fondé à s'occuper de politique. En outre, la professionnalisation du métier politique - maîtrise d'un corpus de savoirs spécialisés et d'un lexique (qui emprunte de plus en plus souvent à la « science » économique) et d'une rhétorique spécifiques - implique une dépossession politique croissante des classes populaires. C'est dire qu'on ne peut pas déduire, par exemple, du vote RN d'un cariste ou d'une femme de ménage leur adhésion au programme du RN. Si ces votes RN n'ont évidemment pas « rien à voir avec le RN », il faut tenter de cerner leurs représentations du vote RN dont le degré de conformité au programme du RN peut être très approximatif : que veut dire celui ou celle qui vote RN ? L'enquête met en évidence la grande dispersion sociale et la volatilité des votes FN : celles et ceux qui votent FN ne constituent pas un « électorat » mais, selon l'expression de Daniel Gaxie, « un conglomérat »38. Contre le racisme de classe et l'ethnocentrisme populiste, ce livre rassemble pour l'essentiel des enquêtes qui, dans différents registres, tentent d'élucider les « raisons » et les causes des votes RN au sein des classes populaires.
Ordre d'exposition Dans la première partie, Patrick Lehingue met en évidence deux ou trois « idées reçues »Â sur l'électorat du Front National, Daniel Gaxie souligne les contradictions de sa « résistible ascension » du FN. Julian Mischi montre ce que l'essor du FN doit à « la décomposition de la gauche ».
La deuxième partie aborde la question très controversée de la géographie du vote FN, opposant métropoles et périphéries, à travers deux enquêtes ethnographiques : celle d'Emmanuel Pierru et Sébastien Vignon s'intéresse aux territoires ruraux, celle de Violaine Girard aux zones périurbaines. L'enquête menée par le collectif « Focale » met en évidence les effets à long terme des héritages politiques de gauche et des sociabilités syndicales : longtemps après, ils font toujours obstacle au vote FN.
La troisième partie, la plus développée, est consacrée aux « raisons » des votes FN des classes populaires. Stéphane Beaud et Michel Pialoux, mettent d'abord en évidence les effets de « l'exacerbation des luttes de concurrence » au sein des classes populaires. Louis Pinto montre comment la promotion d'un « nouvel ordre moral » assure une cohérence implicite du « conglomérat RN ». Stéphane Beaud et Michel Pialoux étudient ensuite le cas d'un couple d'ouvriers confronté aux « désordres du quartier ». Gérard Mauger montre ce que le vote FN peut devoir au « souci de respectabilité » dans la situation de procès où sont prises les fractions « établies » et « marginales » des classes populaires. Romain Pudal, tente d'élucider « l'attrait » qu'exerce le FN sur les sapeurs-pompiers. Enfin, Lorenzo Barrault-Stella et Clémentine Berjaud, s'intéressent aux votes FN de deux jeunes de Lycée Professionnel.
La quatrième partie montre qu'en dépit des apparences (Jordan Bardella en « fils du peuple », « immigré » de surcroît), le RN, si l'on s'en tient à la composition de son appareil, est loin d'être un parti « populaire ». Safia Dahani montre qu'il est investi par les cadres du secteur privé (« en haut à droite » de l'espace social) et Guillaume Letourneur que « les petits moyens » échouent à s'y faire une place à la mesure de leurs ambitions.
En conclusion, Willy Pelletier témoigne de « l'ethnocentrisme militant » des groupuscules antifascistes et Gérard Mauger et Willy Pelletier s'interrogent sur les conséquences politiques à tirer des enquêtes rassemblées dans ce livre. -
Pour l'autogestion socialiste : Charles Piaget. interventions, 1974
Théo Roumier
- Croquant
- 6 Octobre 2022
- 9782365123600
Dessin de couverture : Alain Frappier 1974, six ans après la grève générale de Mai 1968 et ses 10 millions de grévistes, le souffle révolutionnaire est toujours présent.
Une longue grève, celle des ouvrières et des ouvriers de Lip à Besançon, vient de s'achever. Par ses atours autogestionnaires (« on fabrique, on vend, on se paie » clament les grévistes), elle a reçu un important soutien populaire tant elle a pu préfigurer une « nouvelle légalité ouvrière », mettant directement en cause l'ordre capitaliste.
Charles Piaget, syndicaliste CFDT de Lip, militant PSU de Besançon, en a été propulsé porte-parole. Il a le sens et le goût du collectif.
En cette année 1974, au sein du « peuple de gauche », les questions se posent concrètement, taraudant les organisations politiques comme les syndicats : Comment faire basculer la France dans le socialisme ? S'agit-il de passer par la voie des urnes ou celle des luttes ? Faire le choix des réformes ou de la révolution ? Quel chemin emprunter pour arriver à ce fameux « débouché politique » qui se cherche depuis Mai ? Quelle organisation, quel parti, quelles alliances sont nécessaires pour cela ?
Ces questions ne sont pas neuves pour toutes celles et tous ceux qui ont l'émancipation et l'égalité au coeur, qu'anime la volonté de rompre avec un capitalisme mortifère, de changer le monde et la vie. Elles conservent encore aujourd'hui leur pertinence et méritent d'être remises sur le métier, encore et encore.
En 1974, c'est en syndicaliste, en militant politique, que Charles Piaget propose dans les textes de ce recueil des pistes pour répondre aux enjeux qui se posent alors. Les retrouver aujourd'hui permet de remonter le fil du temps pour mieux appréhender l'avenir d'un « socialisme de tous les jours ».
Ce cahier contient :
•Une introduction politique et historique de Théo Roumier, « Le socialisme, tous les jours » •Deux textes de Charles Piaget :
- « Il faut rejeter toute attitude de démission », entretien donné à Politique Hebdo du 3 octobre 1974 - « Que signifie aujourd'hui militer pour le socialisme, être révolutionnaire », texte de son intervention au meeting « Le PSU répond à vos question » du 24 octobre 1974 à la Mutualité •Un cahier iconographique en couleur •Une chronologie détaillée •Des notes biographiques •Une bibliographie Charles Piaget est une figure marquante de la grève des Lip à Besançon en 1973. Militant PSU et CFDT, il incarne nationalement cette lutte ouvrière parmi les plus importantes des « années 68 ». Il est brièvement membre de la Direction politique nationale du PSU sans abandonner son militantisme syndical et de terrain. Dans les années 1990 il anime l'antenne bisontine de l'association Agir ensemble contre le chômage (AC!). Il est aujourd'hui retraité et continue de transmettre la mémoire des Lip.
Théo Roumier a assuré la conception et la présentation de ce cahier de l'ITS. Syndicaliste SUD éducation en lycée professionnel, il est membre du Comité éditorial de la revue de l'Union syndicale Solidaires, Les Utopiques et auteur de plusieurs contributions sur l'histoire récente du syndicalisme et du mouvement libertaire et révolutionnaire. -
Regards francais sur l islam - des croisades a l ere coloniale
Alain Ruscio
- Croquant
- 10 Décembre 2021
- 9782365123167
La nature de l'islam, la place des musulmans, deux thèmes qui taraudent - et souvent enflamment - les débats de la société française depuis plusieurs décennies. L'ambition de cet essai est de tenter de mettre en lumière l'ancienneté des regards français - car c'est évidemment au pluriel qu'il faut s'exprimer - sur cette religion et sur cette communauté. Quatorze auteur-e-s, spécialistes de périodes et d'aires géographiques différentes, ont cherché à historiciser cette question. Et l'on découvrira, ou l'on aura confirmation, dans ces pages, que bien des jugements et attitudes d'aujourd'hui ont des racines multiséculaires, parfois venues du grand choc que furent les Croisades. Au fil des siècles, intérêt, adhésion et hostilité se croiseront. L'étude couvre la totalité de la période coloniale et s'achève donc à la guerre d'Algérie. Au lecteur du début du XXIe siècle de tirer des enseignements sur l'état actuel du débat sur ces questions.
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Cet ouvrage se veut être une réflexion sur la période d'incertitudes, de reculs et de déstabilisations des références que nous traversons, sur la base de mes travaux antérieurs et de mon parcours singulier.
Je fais l'hypothèse qu'elles relèvent des « Lumières » du XVIIIè siècle - notre « patrimoine commun -, non de leur contenu, mais du fait qu'au lieu de contribuer à les faire vivre, nous les avons considérées comme un bloc figé, pétrifié, sclérosé.
L'objectif est de resituer les Lumières - comme toute chose, pensée ou doctrine - dans le temps et le lieu de leur élaboration, sur la base des connaissances théoriques et pratiques de l'époque, afin d'examiner ce qui peut ne plus correspondre à la situation et aux connaissances actuelles, aux besoins et aux attentes, afin de proposer des pistes pour répondre aux enjeux et défis du XXIè siècle.
Cela amène à revenir sur trois paradigmes clés de la connaissance : la dialectique de Marx comme opposition et unité des contraires ; les rapports indissolubles entre unité et diversité ; le double caractère de toute crise, à la fois menace et opportunité.
Sur ces bases, sont revisités dix grands rapports et tensions qui sont au coeur de l'héritage des Lumières :
Nous sommes des êtres de raison, mais aussi de passions, de pulsions la personne humaine est maître et/ou composante de la nature la reconnaissance de l'individuation est inséparable de la socialisation il faut relier local et global, micro et macro l'universalisme doit aller de pair avec l'altérité la liberté et l'égalité sont à imbriquer droits et devoirs sont indissociables le marché doit être remis à sa place l'intérêt général est à conjuguer avec les intérêts individuels le système européen de valeurs progressistes, référentiel dans la mondialisation Il s'agit donc de retrouver toute la fécondité, la dynamique et la créativité des Lumières pour relever les défis du XXIè siècle.
Points forts Redonner vie et dynamisme aux « Lumières » pour répondre aux enjeux et défis du XXIè siècle Penser la complexité avec les outils de la connaissance Revisiter les relations et tensions entre individu et société, appartenances plurielles, nature et culture, valeurs et devenirs... -
Manifeste pour une civilisation démocratique : Sociologie de la liberté
Abdullah Ocalan
- Croquant
- 11 Janvier 2024
- 9782365124119
Le leader du peuple kurde, Abdullah Öcalan, a été arrêté en 1999 par l'État turc. Condamné à mort, après une parodie de justice, sa peine a été commuée à la réclusion à perpétuité après l' abolition de la peine capitale. Depuis, il est incarcéré sur l'île d'Imrali. Au mépris de toutes les conventions internationale et européennes, il est maintenu à l'isolement et privé régulièrement des visites de sa famille et de ses avocats.
Du fond de sa prison, il s'emploie à poursuivre une réflexion théorique et pratique qui se situe dans la lignée des grandes pensées émancipatrices. Cette création intellectuelle s'effectue dans des conditions difficiles puisqu'il est privé d'ouvrages de référence et parfois même du simple matériel d' écriture.
Ces plaidoyers traduisent une érudition profonde, une pleine conscience des enjeux contemporains et une volonté absolue de frayer de nouveaux chemins vers la liberté des peuples et plus particulièrement celle du peuple kurde.
Dans son appréhension de l' étude globale des sociétés humaines, A. Öcalan centre sa réflexion sur la véritable guerre livrée au vivant par l'impact des activités humaines dans le cadre du système capitaliste d' accumulation, d' appropriation privée et de dynamiques socio-écologiques qui y sont associées. Ce système épuise les ressources, contribue au changement climatique, génère des crises multiformes, renforce les formes de domination et d'inégalités lézardant les illusions de la toute-puissance des technosciences. Mais si l'humanité est confrontée à l' évidence de sa fragilité, les puissances dominantes conservent la même grammaire qui s' articule autour de la compétition, de l'exclusion, du conservatisme et de l' autoritarisme.
L'impératif de l' accumulation, de la valorisation du capital ainsi que le productivisme compulsif sont à la source du chaos actuel. Mais le capitalisme n'est pas seulement un système économique organisé autour de la production marchande. Il est aussi une civilisation impliquant des conceptions spécifiques de l'être humain et du rapport au monde ainsi que des modes de production des subjectivités. Pour A. Öcalan, on ne peut espérer sortir de ce système sans récuser une conception de la modernité qui a comme principaux fondements le naturalisme, c'est-à-dire la coupure Homme-Nature, l'illusion du sujet autonome et l'universalisme abstrait qui ont accompagné l'essor de l'hégémonie occidentale qu'il qualifie d'« eurocentrisme ».
A. Öcalan entend s'interroger sur les fondements de la modernité en dépit du fait que son socle actuel se veut absolu, total et empreint d' évidence. Or cette modernité a depuis longtemps commencé à mettre fondamentalement en question la légitimité des structures d'intelligibilité qu'elle a promues et qui s'impose partout.
A. Öcalan, sur le mode d'un dialogue contemporain, en mesure la précarité et rejoue son procès dans une dispute fondamentale. S' appuyant sur une diversité de courants qui a déjà porté la critique d'une modernité qui se fissure, il éprouve le besoin, à son tour, de requestionner, d' approfondir le mouvement même du fond.
Cette exigence est rendue nécessaire par l' échec des régimes qui se réclamaient du « socialisme réel ». A. Öcalan se livre à une critique sans concession de ces systèmes qui ont substitué à l' égalité sociale un égalitarisme frustre, qui ont érigé une redoutable mythologie de l'État au lieu de s'inscrire dans le dépérissement de l'État de classe et qui ont brimé la dimension individualiste de l' émancipation sociale. Pour A. Öcalan on ne pouvait pas identifier l' avenir du mouvement émancipateur à ces scléroses et à ces dictatures.
Devant cette déstructuration du monde, face au dévoiement des espérances révolutionnaires et à la montée de toutes les formes d'insécurité humaine, A. Öcalan pose l'exigence de nouveaux paradigmes afin d'ouvrir de nouveaux possibles pour le monde de demain.
Pendant longtemps, les groupes humains ont été circonscrits. Nos cadres de pensée ont été façonnés par cette longue durée. Il n'est donc pas facile de concevoir et de penser ces évolutions. S' arc-bouter dans les voies passées serait une erreur tragique. Sans cette méditation incessante, les luttes émancipatrices patinent, reproduisent les mêmes erreurs et perdent un temps précieux Il est infiniment difficile de donner consistance à un imaginaire alternatif. Certes le monde de demain ne sera pas un nouvel Eden mais à n'en pas douter, les notions de puissance, de domination et de pouvoir, selon A. Öcalan, seront à réinventer. Rien ne sera possible sans rupture avec le productivisme capitaliste, le monopole étatique et les fondements anthropologiques de la modernité actuelle.
Les plaidoyers d' Abdullah Ocalan contribuent à n'en pas douter à ce qu' advienne une mondialité ouverte à la diversité, attentive aux interdépendances, à l' altérité, soucieuse de justice sociale, de solidarité et respectueuse du droit des peuples et notamment celui du peuple kurde.
Le Confédéralisme démocratique, initié par A. Öcalan, développe depuis quelques années une vision originale de la société puisant tout à la fois dans un héritage marxiste, dans le municipalisme libertaire et l' écologie sociale, s' appuyant notamment sur des penseurs radicaux postmodernes. Ce programme demeure largement à l' état de projet car le contexte de guerre entrave sa mise en oeuvre. Il connaît cependant un début d' application au Rojava (Syrie) mais aussi dans les municipalités kurdes de Turquie et se décline autour des thématiques de la démocratie sociale, du fédéralisme, du féminisme et de l' écologie. -
Nuit du réveillon 2012, quartier de la Gauthière à Clermont-Ferrand. Sur un parking de son quartier, Wissam El Yamni fête le nouvel an avec des amis d'enfance. Aux alentours de trois heures du matin, il est arrêté par la police au motif qu'il aurait lancé une pierre sur une de leurs voitures. Menotté, il est conduit au commissariat. Après neuf jours de coma, Wissam décède à l'hôpital. Il a 30 ans. Armé d'un infatigable souffle d'espoir, son frère Farid El Yamni, nous raconte le combat judiciaire inégal engagé depuis huit. Aux antipodes de la vendetta familiale, de la haine de la police ou du repli communautaire, El Yamni mène une lutte d'intérêt général. Un système incapable de reconnaître ses errements est voué à la haine : c'est précisément ce que cherche à éviter l'auteur dans ce texte qui constitue autant un témoignage qu'un appel à la convergence des luttes pour une société plus digne, plus égalitaire et plus juste.
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Algérie : la seconde révolution
Sanhadja Akrouf, Patrick Farbiaz
- Croquant
- 17 Août 2021
- 9782365123112
Ce livre est né d'une rencontre dans le Paris métissé du 20e arrondissement de deux militants qui, à travers leurs expériences et leurs combats souvent communs, ont ressenti comme une nécessité de faire ce livre. Ce n'était pas évident, ni pour la Franco-Algérienne combattante, mère célibataire, travaillant la semaine, militant le soir et le week-end, allant en Algérie chaque mois pour passer quelques jours au sein du Hirak. C'était plus facile matériellement pour le retraité français mais qui ressentait le poids du regard critique des Algériens sur l'écriture de leur histoire par un non-historien étranger - et, qui plus est, issu de la puissance coloniale. Si nous avons décidé de publier ce livre en France et en Algérie, c'est aussi pour briser cette frontière insidieuse hérissée par deux nationalismes qui empêche la coopération entre nos deux peuples liés de manière indéfectible par l'histoire. C'est surtout pour montrer que nous sommes, tous les deux, citoyen-ne-s du monde.
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Le moi, l'entre-soi, le nous dans les classes populaires
Marie-hélène Lechien, Olivier Masclet
- Croquant
- Champ Social
- 9 Février 2023
- 9782365123310
La déconstruction politique, la dislocation économique et la dévaluation symbolique de « la classe ouvrière », les nouvelles stratégies managériales mettant en place une gestion individualisée du monde du travail, le développement du secteur des services, la féminisation des emplois subalternes, l'alignement de la condition des employé(e)s sur celle des ouvriers, la précarisation de la strate inférieure du salariat d'exécution, la croissance des taux de scolarisation ont modifié les contours du « nous » populaire. On s'interroge ici sur les conséquences de ce délitement protéiforme du collectif ouvrier, sur les formes d'individualisation, sur le repli dans l'entre-soi et sur les formes d'une possible recomposition d'un « nous » au sein des classes populaires que suggère le récent mouvement des « Gilets jaunes ».
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De Mai 68 à l'avènement et l'essor du Mouvement de Liberation des Femmes (MLF) : témoignages et retours critiques
Monique Dental, Marie-Josée Salmon
- Croquant
- 8 Novembre 2022
- 9782365123488
Ce livre est issu de trois tables-rondes organisées par le Réseau Féministe « Ruptures » à l'occasion des quarante ans de Mai 68. Composé de témoignages de femmes qui, à cette époque, participaient ou non à des mouvements politiques, cet ouvrage présente un double intérêt : il nous fait vivre - ou revivre -l'éclosion puis l'essor du MLF. Ainsi, la singularité de l'évènement est d'abord saisie dans son avènement, son bouillonnement, son incandescence. Pour autant, ces témoignages n'excluent pas un regard distancié permettant une analyse rétrospective et des retours critiques.
À travers la diversité des parcours se dégage une idée clé : Mai 68 est la brèche, le creuset d'où surgira le mouvement de libération des femmes. Très vite, en effet, ces jeunes femmes, actrices et témoins de cet « évènement », éprouvent un malaise : aucune évocation de l'oppression des femmes. Quelle place peuvent-elles trouver dans le langage dogmatique des gauchistes ? Aucune. -
Femmes berbères de part et d'autre de la Méditerranée ; domination, subjectivité et subversion symbolique
Tassadit Yacine
- Croquant
- 16 Août 2018
- 9782365121668
Ne fallait-il pas une femme acceptant de livrer elle-même une parole intime pour écouter les femmes berbères, pour déchiffrer certaines pratiques, pour raconter les petites histoires, les choix de vie, les rêves, les souffrances, et aborder la profondeur et la complexité des rapports de genre au sein de la société kabyle ? Une des spécificités de la méthode de Tassadit Yacine repose justement sur la construction de liens de confiance avec les personnes auprès desquelles elle enquête : elle se dévoile tout autant qu'elle fait place à l'autre pour se dévoiler et révéler des émotions. Elle aborde la discipline comme celle de la relation à l'autre.
En dialogue avec les écrits de Bourdieu et Mammeri, Tassadit Yacine réussit dans cet ouvrage à s'approcher des pratiques féminines et à restituer des trajectoires singulières. Le livre débute avec un long entretien de l'auteure, ouvrant la voie, donnant le ton : dans un style courageux et direct, elle se raconte, depuis son enfance dans le village de Mechtik dans la région de Bedjaia où des conditions particulières lui ont permis de connaître le plaisir du savoir jusqu'à sa nomination comme directrice d'études à l'EHESS, en passant par ses rencontres intellectuelles, ses deux mariages et la naissance de ses enfants. Expliciter sa propre démarche lui permet de créer un lien avec le lecteur et avec les autres femmes du livre. L'ouvrage regroupe ensuite des articles écrits entre 1990 et 2017, dont certains sont inédits, et propose un va-et- vient entre des réflexions érudites sur la place des femmes en Algérie à différentes époques (leur statut juridique et social, les tentatives d'émancipation, leur rapport au milieu académique), la restitution de contes, de mythologies et de poésies kabyles, permettant de mieux cerner les représentations liées aux femmes et à leur corps dans cette région du monde, et six parcours singuliers.
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La chute de la météorite Trump ; un objet populiste mal identifié
Paul Jorion
- Croquant
- 14 Novembre 2019
- 9782365122276
Lorsqu'en septembre 2015, Donald Trump, promoteur immobilier haut en couleur, présenta sa candidature à l'élection présidentielle de 2016 du côté Républicain, très peu prirent la chose au sérieux. Oui sans doute, Trump était une vedette de la télé-réalité, où ses interventions tonitruantes faisaient pouffer, mais Président des Etats-Unis ? Allons donc ! Le Parti républicain se gaussait. Mais il dut vite déchanter : le bouffon caracola en tête.
Pour Trump, tous les coups étaient permis. Suggérer que le père d'un rival avait trempé dans l'assassinat de Kennedy ? Pourquoi pas ? Il s'agissait de l'emporter et le reste comptait pour peu : les pires habitudes des milieux d'affaires furent importées dans la politique. La période couverte dans ce premier tome, qui va de la candidature de Trump à la veille de l'inculpation de Michael Cohen, son avocat personnel, est celle de cette stupeur initiale.
Les tomes 2 et 3 couvriront la suite : lune chute de jour en jour plus prévisible.
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Algérie 2019-2020 : le peuple insurgé ; entre réforme et révolution
Hocine Bellaloufi
- Croquant
- 11 Mars 2020
- 9782365122351
Depuis le 22 février 2019, l'Algérie est le théâtre d'une contestation populaire inédite qui ne présente aucun signe d'essoufflement. Chaque vendredi, des centaines de milliers de personnes de toutes professions et condition sociale et de toutes opinions, hommes et femmes, jeunes, vieux et même enfants... investissent les rues des villes et des villages pour exprimer pacifiquement leur soif de liberté et leur refus du régime en place.
Ce mouvement populaire n'est pas organisé, n'a pas de direction et refuse toute velléité de le représenter ou de parler en son nom. Pourtant, en quelques semaines à peine, il a provoqué une crise du pouvoir et présente un palmarès impressionnant : reconquête du droit de manifester, renoncement du Président Abdelaziz Bouteflika à se présenter à un cinquième mandat, annulation du scrutin présidentiel fixé au 18 avril 2019, démission du Président et du gouvernement du Premier ministre Ahmed Ouyahia, entrée en crise profonde des partis de la coalition présidentielle, refus de la présidentielle du 4 juillet fixée par le chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah...
Acculé, sur la défensive, le pouvoir s'est divisé. Une intense bataille interne oppose les partisans du président déchu au commandement militaire regroupé autour du chef d'état-major et vice-ministre de la défense Ahmed Gaïd Salah. Sous couvert de lutte contre une corruption insondable, ministres, hommes politiques et oligarques, walis (préfets) et autres fonctionnaires sont poursuivis, placés en détention et commencent, pour certains d'entre eux, à être condamnés par la Justice.
En dépit de ce nettoyage auquel l'essentiel du peuple algérien adhère, le pouvoir en place s'avère incapable de mettre fin à la mobilisation populaire. Les Algériens exigent en effet un profond changement politique et refusent dans leur majorité une présidentielle tenue dans le cadre de l'actuelle Constitution. A une bataille interne au pouvoir s'articule ainsi une lutte entre le pouvoir et le mouvement populaire.
Transition démocratique ou maintien du régime, tels sont les deux termes de l'équation politique algérienne qui ne manquera pas de marquer l'évolution de ce pays dans les semaines et mois, voire années à venir.
Quelles sont les forces qui s'affrontent dans ce bras de fer, quelles contradictions les traversent, quelles stratégies portent-elles, quels intérêts expriment-elles ?
C'est à répondre à ces questions que s'emploie cet essai. Il ne peut pour cela faire l'économie d'un retour sur les luttes politiques qui secouent le pays depuis son indépendance afin d'en faire ressortir les enjeux essentiels, immédiats et lointains.
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Résistances africaines à la domination néocoloniale
Martine Boudet, Collectif
- Croquant
- 8 Avril 2021
- 9782365122849
Cet ouvrage collectif répond à une nécessité impérieuse, celle de mettre en lumière les relations tissées entre pays africains et Union européenne dans la dernière décennie. Dans ce secteur marginalisé, y compris dans la sphère altermondialiste, il s´agit de prendre la mesure des passifs occasionnés par des décennies de relations inégales, spécialement dans la zone francophone. Malgré les bouleversements qui ont mis à bas l´empire soviétique ou celui des USA en Amérique latine, ces relations restent régies par l´ordre néocolonial, sous l´égide d´une caste dictatoriale dite françafricaine"", selon la formule du regretté François Xavier Verschave.
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Démocratie réelle : l'heritage des indignes espagnols
Héloïse Nez
- Croquant
- 22 Février 2022
- 9782365123358
«ÂIls ne nous représentent pas », scandaient les Indignés espagnols en 2011. Leur emboîtant le pas, les mouvements Occupy, Nuit debout ou encore les gilets jaunes revendiquent, depuis une décennie, une «Âdémocratie réelle» face à la crise que traversent les régimes représentatifs. Mais à quoi peut bien ressembler cette démocratie nouvelleÂ? Quels sont exactement les reproches adressés à la démocratie libéraleÂ? Quelles alternatives s'inventent et s'expérimentent à travers les occupations de places publiquesÂ? Cet ouvrage nous plonge au cÅ«ur du laboratoire politique espagnol, à partir d'une enquête sociologique menée pendant dix ans à Madrid. Assemblées autogestionnaires, démocratie participative, innovations numériques, tirage au sortÂ: les Indignés nous invitent à élargir notre imaginaire. Cette nouvelle génération d'activistes a contribué à démocratiser, non sans difficultés, les institutions politiques. Mais une telle démocratisation peut-elle avoir des effets de long terme, au-del
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La Nouvelle Guerre froide. : États-Unis, Russie et Chine, du Kosovo à l'Ukraine
Gilbert Achcar
- Croquant
- 4 Janvier 2024
- 9782365124171
Dans les États-Unis de l'après-guerre, l'utilisation des dépenses militaires publiques pour maintenir le dynamisme économique est devenue un instrument majeur de l'intervention étatique très visible dans la patrie par excellence de la mythique « main invisible » et du « marché libre ». L'accoutumance américaine à l'économie de guerre permanente, et son principal bénéficiaire, le CMI (complexe militaro-industriel), allaient peser lourdement dans la détermination des choix de l'élite américaine du pouvoir après la Guerre froide, examinés dans les chapitres qui suivent.
Le CMI de l'URSS était encore plus important par rapport à l'économie du pays, puisqu'il était contraint de rivaliser en préparatifs de guerre avec son adversaire beaucoup plus riche. Le CMI a rapidement émergé du chaos initial de l'après-guerre froide en Russie comme le principal, sinon le seul, secteur manufacturier hérité de la défunte Union soviétique pour lequel il y avait des acheteurs disponibles et un marché captif à l'exportation. La centralité du CMI est devenue encore plus grande dans l'économie russe post-soviétique qu'elle ne l'avait été dans celle de l'URSS, non seulement parce que la première est considérablement diminuée par rapport à la seconde, mais aussi parce que la puissance militaire est devenue le principal vecteur de l'influence politique de la Russie à l'étranger, et en particulier de son opposition à la domination écrasante des États-Unis. En revanche, l'URSS, comme la Chine aujourd'hui, avait également fait un usage intensif de sa puissance économique, ainsi que de l'attrait idéologique (« soft power ») dont elle a joui jusqu'à sa dernière décennie.
Arrivée tardivement dans la course, la Chine était inévitablement motivée à construire son propre CMI par le sentiment légitime que la suprématie américaine faisait obstacle à son ascension au premier rang des puissances mondiales - comme l'a manifesté, par exemple, son exclusion du G7 malgré la taille de son économie, tandis que la Russie y avait été incluse en 1997 et jusqu'à la crise ukrainienne de 2014, période durant laquelle le groupe fut appelé G8.
Voilà, en quelques mots, les ingrédients de base de la dynamique qui a produit une nouvelle guerre froide mondiale quelques années seulement après la fin de l'ancienne. Les éléments de la Nouvelle Guerre froide se sont mis en place au cours de la première décennie qui a suivi la première Guerre froide. Comme les chapitres qui suivent devraient le montrer - et comme déterminé évidemment par l'énorme fossé qui exista pendant ce « moment unipolaire » fatidique entre la puissance et la richesse des États-Unis et celles de ses deux rivaux potentiels au niveau mondial, la Chine et la Russie - la responsabilité principale, et de loin, du triste état des relations internationales qui allait se développer par la suite au 21e siècle incombe à la seule superpuissance restée en lice à la fin de la Guerre froide, celle qui garda le pouvoir exclusif de « façonner l'environnement de la sécurité internationale » comme s'en vantaient ses documents stratégiques à cette époque. Ce livre explore la transition de la Guerre froide à la Nouvelle Guerre froide, et l'évolution de cette dernière jusqu'à la guerre d'Ukraine de 2022. -
Manifeste pour une civilisation démocratique (volume II)
Abdullah Ocalan
- Croquant
- 10 Février 2022
- 9782365123372
Fondateur du Parti des travailleurs kurdes (PKK), Abdullah Öcalan est détenu par l'État turc sur l'île-prison d'Imrali depuis 1999. Entretenant des contacts avec de nombreux intellectuels dont Murray Bookchin (fondateur de l'écologie sociale), Öcalan n'a cessé de réfléchir à des modèles politiques alternatifs. Écrit comme un plaidoyer à l'intention de la Cour européenne des Droits de l'homme, le Manifeste pour une civilisation démocratique compte cinq volumes, dont la présente édition est la première en langue française. Ce second volume s'appuie sur les travaux de Fernand Braudel pour explorer l'histoire des civilisations et étudier l'avènement d'une modernité capitaliste, décrite comme une aberration basée sur un triptyque capitalisme, industrialisme, État-Nation.
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Vive Louise Michel ! célébrité et postérité d'une figure anarchiste
Sidonie Verhaeghe
- Croquant
- 14 Avril 2021
- 9782365122948
Louise Michel (1830-1905) est aujourd'hui devenue une figure historique importante : elle est une image de lutte et de révolte, admirée comme une icône de femme libre. Elle a donné son nom à de nombreuses rues et écoles, et elle a même été proposée pour entrer au Panthéon. Mais comment cette combattante de la Commune de Paris, propagandiste anarchiste, déportée et emprisonnée par les gouvernements de la IIIe République, a-t-elle été intégrée dans la mémoire collective nationale ? C'est cette énigme que le livre entend résoudre. De la Commune de Paris à nos jours, il dévoile ce qui a fait de Louise Michel une femme célèbre et analyse sa trajectoire dans les mémoires des XXe et XXIe siècles. Loin d'un processus linéaire, cette figure a fait l'objet d'appropriations multiples, conflictuelles et concurrentielles, qui coexistent encore aujourd'hui.