Saviez-vous qu'à Brest se trouvent 200 m2 de territoire américain ? Que la suite 212 de l'hôtel Claridge à Londres était yougoslave le 17 juillet 1945 ? Que la France possède des territoires à Jérusalem ? Que Sainte-Adresse, près du Havre, a été la capitale de la Belgique pendant la Première Guerre mondiale ? Que le Mexique revendique sa souveraineté sur l'île de Bermeja qui. n'existe pas ? Qu'une ancienne plateforme britannique s'est constituée en Etat souverain dans l'estuaire de la Tamise ? Que la Principauté d'Arbézie, à cheval sur la frontière franco-suisse est. un hôtel restaurant ? Que la France et l'Italie se disputent le sommet du Mont-Blanc depuis un siècle et demi ?
Ce sont ces bizarreries géographiques que nous raconte Olivier Marchon dans ce livre étonnant qui rassemble de dizaines d'histoires de ce type, des plus tragiques au plus loufoques : de petits morceaux de terre, enclavés, disputés, au statut à part, parfois étrange, qui chacun à leur manière raconte la Grande Histoire.
Quarante-trois photographes, jeunes pour la plupart, se sont autosaisis d'une mission inscrite dans une forte tradition (de la Mission héliographique en 1851 à celle de la DATAR au début des années 1980, en passant par la grande opération menée aux États-Unis par la Farm Security Administration entre 1935 et 1942), celle de dire un pays sans le figer. Les frontières deviennent incertaines, les catégories s'abolissent, la photographie rejoint la littérature dans sa capacité à décloisonner le temps et l'espace. Métaphoriser le territoire par la liquidité, c'est affirmer la possibilité de secouer les perceptions qui ont cours.
Nulle commande ici, aucune administration à l'initiative de quoi que ce soit. Pour les photographes, indépendants et cooptés, il y avait simplement le désir d'appréhender les réalités contemporaines de leur pays, de percevoir ses élans, ses lignes de fracture, ses mélanges, ses espaces naturels ou urbains, ses recoins, ses sommets, ses relais, ses évolutions, ses subtilités, ses complexités, ses habitudes, ses modes d'habitation, ses virtualités.
À chaque photographe il a été proposé d'écrire un texte et/ou d'ouvrir les coulisses de sa démarche artistique, de nous dévoiler les sentiers de sa création. Ils ont, avec leurs mots ou leurs documents, constitué une esthétique saisissante et passionnante du regard dans un double mouvement d'appartenance et de décentrement.
Bernard Comment
La Birmanie, fermée comme une citadelle par la dictature, soustraite à l'Histoire, est le seul pays " préservé ": le seul parmi ceux d'Asie du sud-est à avoir conservé intactes sa culture et sa religion. Elle fascine par la splendeur de son architecture et de ses monuments et se fait très attachante par sa population. On constate à chaque pas l'influence du bouddhisme, une philosophie pratiquée sans interruption depuis plus de vingt siècles et qui imprègne les lieux d'une sérénité particulière aussi bien qu'elle marque le sourire des Birmans. Au fil des pages, on visite Rangoon avec son célèbre stupa d'or : le Shwedagon, puis Mandalay, la ville mythique issue d'un rêve du roi Mindon, aujourd'hui envahie par les Chinois ; le mont Popa, demeure des nats, ces esprits malicieux, parfois redoutables ; puis le lac Inle, avec ses jardins flottants et ses pêcheurs équilibristes ; et Pagan bien sûr, la plaine aux mille pagodes , bordée par le grand fleuve Irawady. Mais on dépasse ce périmètre, on avance en terrain moins connu : au sud, Moulmein, point de départ du commerce de l'opium avec la Chine, chargé d'un lourd passé colonial ; à l'ouest, l'état de Rakhine (ou Arakan) et les ruines plantées de stupa de Mrauk U, un autre Pagan, dit-on ; au nord, les mines de jade et les mines de rubis, de topaze, de saphir : Mogok que le creusement vertigineux des carrières fait ressembler à un enfer rouge. Aussi l'ouvrage est-il conçu comme un cheminement, avec ses haltes et ses portions de route. À la fois informatif et personnel, le texte de Christine Jordis propose une découverte curieuse et touchante d'un peuple, d'une culture, qui donne au livre non l'allure objective d'un guide, mais celui d'une réflexion vivante à propos du pays. Les photographies de Michel Gotin, riches de détails et de couleurs sont là pour nous aider à avancer. Tout en visant à faire comprendre la beauté et la spécificité du pays, ce livre ouvrira des pistes de réflexion sur l'Histoire aussi bien récente que passée, avec ce qu'elle recèle de menaces comme d'espoirs d'ouverture. L'ouvrage s'adressera donc à un large public, voyageurs et curieux, sympathisants du bouddhisme, amoureux et passionnés de l'Asie - puisque la Birmanie offre comme un concentré de l'Asie toute entière.
ZANZIBAR...
Cette île lointaine, exotique et méconnue, au large de la Tanzanie, alimente depuis des siècles la curiosité et la convoitise des princes, négociants, aventuriers qui ont navigué et bâti leurs empires sur les côtes de l'océan Indien. Cloîtrée pendant vingt ans sous le joug d'un régime totalitaire, elle attire, depuis quelques années seulement, une nouvelle génération de voyageurs intrigués par son nom évocateur et le charme suranné de sa gloire passée, lorsque, résidence principale des sultans d'Oman, elle fut à la fois le premier exportateur au monde du clou de girofle et la tête de pont du trafic d'esclaves d'Afrique de l'Est.
Un photographe anglais et deux dessinateurs, une Autrichienne et un Français, s'embarquent pour Zanzibar où, au gré d'un chapelet de rencontres, ils brossent un portrait de l'île illustré par leurs carnets de voyage.
Une équipe de journalistes, d'historiens, d'amoureux de l'histoire juive, a entrepris d'écrire ce guide unique qui conduira le voyageur à découvrir une europe inconnue, en dehors des circuits touristiques.
Certains lieux sont célèbres et incontournables - tels le ghetto de venise ou le vieux quartier juif de prague -, mais les trésors d'une culture juive qui a marqué et marque encore l'europe sont absents des ouvrages habituels. a chaque étape, vous pourrez désormais visiter les synagogues de provence ou les ruelles de petites villes de roumanie ou d'ukraine, retrouver la vie juive de jadis à sarajevo, à istanbul ou à sofia, savoir qu'au coin d'une rue il y a souvent un musée, un temple, un cimetière, un souvenir, une anecdote.
Si le guide se divise en grandes aires géographiques européennes, c'est pour mieux raconter l'histoire de cette culture passée ou présente, vous permettre de refaire le parcours, simplement en tournant les pages.
ÿþUn jour que nous parcourions la route 66, nous tombâmes sur un motel du fin fond de l'Arizona dont le propriétaire avait baptisé les chambres du nom de spécialistes de la 66. Sous chaque patronyme, un intitulé : " routologist ". Ce que nous traduisîmes in petto par " Routologue ", nous incorporant derechef dans cette singulière famille de scientifiques.Amoureux des voyages lents, nous nous bombardâmes aussitôt " spécialistes en tronçons abandonnés et itinéraires bis délaissés ".Le lecteur embarque ainsi pour un voyage aux long cours, avec pour véhicule un livre qui en est en fait trois :-une première partie en noir et blanc, en compagnie des peuples nomades, qu'ils soient de France ou d'ailleurs, et qui, au rythme d'un cheval, d'un chameau, d'un yack, transhument au pas de l'animal.-une partie centrale sur un autre papier, en compagnie des auteurs, au cSur de leurs voyages : " petit traité de routologie appliquée à l'usage des amoureux de la lenteur ". Il s'agit d'une partie foisonnante, composée d'un texte courant agrémenté d'images en couleur, en noir blanc, de planches contact, d'extraits de carnets de voyage, de polaroïds. La concrétisation de trente années de déambulation.-une troisième partie consacrée aux routes les plus mythiques du monde, à pied, à cheval, en train, bateau ou voiture (Route 66, Nationale 7, Saint-Jacques-de-Compostelle, GR Stevenson, Transsibérien, etc.)