Zagreb 2003. Journaliste en disgrâce, Tin envoie son cousin éloigné Boris couvrir le conflit irakien pour le quotidien qui l'emploie. Le seul hic, c'est que ce dernier, ex-soldat traumatisé par la guerre des Balkans, n'a aucune qualification. Lorsque Tin reçoit ses premières nouvelles du front - des e-mails décousus et hallucinés -, il décide les réécrire sans en informer sa hiérarchie. Une terrible erreur. La première d'une longue série. Bientôt Boris disparaît à Bagdad et la vie de Tin part complètement en vrille...
Göran Borg, cinquante-deux ans, est en pleine crise identitaire. Divorcé, il n'a que très peu de rapports avec ses enfants, et s'ennuie fermement au boulot. Si bien que, lorsqu'il se fait congédier du poste qu'il occupait depuis vingt-cinq ans, il considère qu'il n'a plus rien à perdre.
C'est alors que son ami Erik lui propose de quitter un temps son Malmö gris et pluvieux pour le suivre dans le voyage organisé qu'il anime en Inde. Ayant toujours passivement subi les maigres événements de sa vie, une fois de plus, Göran cède et accepte.
Là-bas, il découvre un tout nouvel environnement. La foule, le bruit, l'odeur, la cuisine, la valeur de l'argent : le choc est tel qu'il tombe malade. Erik, qui doit poursuivre le circuit touristique, est contraint de le confier à son ami indien Yogi à Delhi. Très vite, Göran se lie d'amitié avec ce dernier, et décide de prolonger son séjour.
Chose commune en Inde, Yogi lui propose de se rendre dans un institut pour se faire faire un soin des mains. L'institut étant sur le point de fermer, Yogi prétend que son ami est une personnalité importante du journalisme culturel suédois. Göran tombe immédiatement sous le charme de la manucure. Elle s'appelle Preeti, et est mariée à un puissant industriel - ce qui n'empêche pas Göran de chercher à la séduire. Il frime en prétendant être venu interviewer l'un des plus grands acteurs de Bollywood, Shah Rukh Khan. Et cela fonctionne : ils se revoient plusieurs fois, s'amourachent l'un de l'autre. Göran, jusque-là hébergé chez Yogi, décide de prendre un appartement à Delhi et de se réinventer en correspondant freelance.
Ainsi se retrouve-t-il sur la piste de l'exploitation d'enfants dans des filatures qui travaillent pour de grands distributeurs. Au cours de ses recherches, Göran découvre que l'un des plus gros clients de la filature n'est autre que l'une des entreprises appartenant à l'époux de Preeti.
Fort de son nouvel état d'esprit, Göran acquiert une conscience sociale et politique. Transformé par son expérience en Inde, Göran est désormais un homme qui croit à nouveau en l'amour, en l'amitié, et en lui-même.
Quelque part à l'est au début du XXe siècle, Gheorghe Marinescu se fait faire une beauté chez le barbier.
Déboule un homme à longue moustache qui réclame urgemment la meilleure lame du commerçant. Gheorghe lie amitié avec le bandit moustachu, découvrant qu'il ne jure que par la bouillie de haricots blancs. Accessoirement ce bandit se révèle être un Robin des Bois de grand chemin, et commet l'imprudence de révéler sa planque, un trésor amassé pour être redistribué aux nécessiteux.
Ni une ni deux, l'envieux Marinescu commet l'irréparable, vole le trésor et tue le bandit moustachu. Dans un dernier souffle, celui-ci maudit Gheorghe et toute sa descendance sur plusieurs générations, jusqu'en l'an deux mille.
Et en effet.
En effet, c'est une hécatombe, enfants, cousins, neveux, tantes et nièces, tous sont frappés de malédiction. Encore que, parfois, la légende du bandit moustachu serve aussi de prétexte à quelques manigances et entourloupes à la bonne marche des moeurs. Les décennies défilent, les villes d'Europe aussi, on voyage un peu dans la famille Marinescu, à Paris ou Vienne, on se jalouse et on se brouille, puis parfois seulement on se réconcilie.
Parallèlement au récit de la dynastie, une jeune femme épouse un pianiste français, juste avant l'an deux mille, et rêve d'un enfant Marinescu : Ada-Maria est issue de cette famille maudite, la fille du Dr Tudoran et de Margot-la-vipère, Margot l'héritière de la fortune. Ada-Maria ne porte plus le nom de Marinescu, mais rêve d'un enfant qui le porterait. Fût-il maudit.
Shanuq, fille d'un grand chaman inuit, se souvient de son enfance, de son enlèvement par les Indiens, de son viol par le chef indien Shapokee. Une opposition règne entre les deux communautés : des Indiens prompts au conflit, capables d'une grande cruauté et avides d'honneurs face à des Inuit davantage assoiffés de paix, ayant beaucoup moins de tabous mais aussi beaucoup de faiblesses.
Pour fuir les Indiens Cree à qui elle a été vendue, Shanuq n'a d'autre choix que de tuer l'un d'eux. Puis pour survivre avec Heq, son bébé, se nourrir du corps d'une femme morte trouvée dans un igloo.
De ces origines de légende est issu Heq, le grand chef qui migrera avec son clan à travers le Grand Nord canadien jusqu'au Groenland, à la recherche d'un des quatre piliers qui soutiennent la voûte céleste.
Tout le monde croit connaître Arlequin, ce gai baladin, avec sa guitare et ses entrechats. Mais où et quand est-il né ? Personne ne le sait. On pense qu'il est venu du fin fond d'une vallée bergamasque, ou de l'Enfer, ce rejeton du Diable.
Alors, retraçons ses origines, faisons revivre celui qui a créé Arlecchino, suivons-le pas à pas, partageons ses misères et sa gloire. À l'aube du Quattrocento, la peste, la disette et les guerres ravagent l'Italie et la Provence.
Le voici : c'est un saltimbanque, il s'appelle Naselli.
Au fil du chemin, il va créer l'habit, dont chaque couleur contient une part de sa propre histoire, puis il créera le masque. Mais par-dessus tout, face à l'injustice du monde, il apprendra à transformer sa colère en rire libérateur. Cette transmutation sera sa quête.
Elle grandit dans le nord de la Norvège, entre une mère insaisissable mais présente, une petite soeur qu'elle protège, un père qu'elle méprise avant de le haïr. Car elle n'est pas coupable du mal qu'il lui fait.
Ils vivent dans une bourgade où tout le monde se connaît, et occupent un logement d'une grande demeure, celle où a vécu « l'auteur ». L'auteur lui apparaît, parfois, comme en songe, et lui parle. Lui insuffle une voix, un désir d'autre chose.
Elle aime danser, le rock surtout. Aime danser avec l'apprenti électricien.
« Assieds-toi, dit sa mère d'une voix douce. Elle l'a vu. Compris. Il n'y a pas eu que du rock et de la danse avec l'apprenti électricien. » Une mère pleine de bon sens qui rétorque à ceux qui prônent l'urgence du mariage :
« Ce ne sont que des gamins. Qu'ils aient cet enfant est déjà suffisamment difficile pour qu'ils n'aient pas en plus à assumer d'être mariés. Il faudrait qu'ils pensent à gagner leur pain pour pouvoir subvenir à leurs besoins et à ceux de l'enfant. S'ils doivent s'appartenir, ils s'en occuperont quand ils seront plus âgés, dit sa mère en mettant le café à bouillir. » Elle vit la honte, dans son ventre et dans les regards. Passe son examen de lycée par correspondance, part faire des études d'institutrice à la ville. Son père est loin, c'est bien, mais le petit garçon aussi est loin.
Elle lit, beaucoup, apprend à voir venir les crises d'épilepsie. Entre dans un brouillard, une farandole de grands auteurs qui la visitent. Succèdent à Knut Hamsun Simone de Beauvoir ou Virginia Woolf.
Elle se marie, part vivre très au nord dans un hiver qui semble permanent, publie des poèmes, travaille, reprend ses études, publie un roman. Se bat contre elle-même, contre un mari chasseur qu'elle aime pourtant, quelles que soient ses proies, devient « chasseuse » elle-même, se bat pour sa liberté et son droit à vivre comme elle le souhaite.
« Longtemps après, après qu'ils ont desservi la table ensemble et qu'il lui a demandé si elle voulait un cognac, et qu'elle a décliné, et après qu'il a oublié de mettre d'autres disques, mais a d'une manière ou d'une autre obtenu qu'ils soient tous deux assis dans le canapé, et après qu'il a allumé deux nouvelles bougies et ouvert une autre bouteille, et mis tout de même une musique indéterminée sur laquelle ils pouvaient danser, et après que ça aussi, c'était terminé et qu'elle a dit qu'elle devait rentrer à l'hôtel, après tout cela, il n'est que souffle.
Cela semble facile. Il y a entre eux une légère odeur de nourriture. Le lit se trouve au milieu d'une grande pièce bien rangée. Les rideaux sont fermés. Elle se prend à se demander si c'est toujours si ordonné chez lui. Ce n'est pas bien. Qu'elle pense à ce genre de choses. » La petite fille au corps meurtri est devenue une femme qui se réalise dans l'écriture : il lui faut écrire ce que le jour a à offrir.
Moscou sous la neige, deux décès se succèdent. L'un paisible, le Patriarche de toute la Russie meurt dans son sommeil. L'autre moins : Gabriel, un Danois, est battu à mort dans une arrière-cour. Aucun rapport ? Le jumeau de Gabriel entame un long voyage, de l'Union soviétique des années 1970 à la Russie moderne, en passant par le Groenland, convoité pour ses ressources naturelles. Un grand drame russe sur les alliances et mésalliances entre religion et politique - et sur l'amour et la vengeance.
Forêt tropicale du Congo, 2030. Une équipe de scientifiques de différentes nationalités étudient les effets du changement climatique sur les espèces animales et végétales. Lorsque Nelson - le mâle alpha, au tempérament docile, d'un groupe de gorilles - commence à attaquer sans raison ses semblables, en dévorant même plusieurs d'entre eux, l'équipe décide de le neutraliser. Ils découvrent alors la présence d'un virus inconnu redoutable, susceptible d'effacer une grande majorité de la population mondiale, qu'ils surnomment Chimera. Mais là où certains y voient une menace sans précédent, d'autres entrevoient une lueur d'espoir pour la planète...
Onze chapitres comme autant d'escales sur les rives de l'intimité masculine : danser la gigue sur des échasses en rase campagne, fréquenter des gros bras et recevoir sa première rouste, aimer du bout des lèvres, boire quelques verres de whisky et s'allonger au fond d'une barque par une nuit de pleine lune, mentir et se sentir moche d'avoir menti, étouffer de jalousie par quinze mètres de fond, voyager seul comme si l'on était deux.