Le Livre noir raconte comment a commencé "la solution finale", l'extermination programmée des Juifs par les nazis. Un livre où les morts se mettent à parler. Une immense entreprise qui répond à l'impératif biblique toujours actuel : Zakhor ! (souviens-toi).
Une biographie des frères Morozov, les grands mécènes moscovites, dont on découvrira la fabuleuse collection d'art moderne français et russe cet automne dans le cadre d'une grande exposition durant quatre mois à la Fondation Vuitton (1 million de visiteurs prévus).
Au pouvoir depuis 2003, tour à tour premier ministre, puis président de la République, Recep Tayyip Erdogan incarne les réussites et les dérives de son pays. Charismatique et despotique, il écrase la scène politique et monopolise le débat public, il défend un modèle turc à son image et ambitionne de devenir le leader du monde musulman. Guillaume Perrier, journaliste et auteur, ancien correspondant en Turquie («Le Monde», Europe1, «Le Point») a couvert l'actualité turque pendant une dizaine d'années.
Depuis Mao, aucun dirigeant chinois n'avait concentré autant de pouvoir entre ses mains que Xi Jinping, qui a accédé en 2012 à la fonction suprême de secrétaire général du parti communiste chinois (pcc) puis, un an plus tard, à celle de président de la République populaire de Chine.
Si Poutine et Erdogan sont des représentants remarqués et tonitruants de l'illibéralisme, le numéro un chinois Xi Jinping a choisi, lui, la discrétion. François Bougon, journaliste au Monde, décortique ici le personnage et sa stratégie.
Avec WikiLeaks, organisation dont il est l'incarnation médiatique, Julian Assange a publié des centaines de milliers de documents dénonçant pêle-mêle la corruption des élites, la surveillance de masse, la fraude fiscale, l'absence de transparence des institutions gouvernementales ou les horreurs des guerres menées par les États-Unis. Il est aussi devenu un ennemi public. Son objectif ? La transparence totale pour les puissants, la vie privée absolue pour les citoyens. Le moyen ? Des masses de documents confidentiels, et une stratégie médiatique offensive, qui ont fait de lui la figure - parfois répulsive - du lanceur d'alerte contemporain.
Trump peut se contenter de traiter Bachar al-Assad d'animal, mais il ne fallait pas moins de deux auteurs, tous syriens, emmenés par Farouk Mardam-Bey, pour analyser avec sérieux, ce qui ne veut pas dire sans indignation, le parcours "intellectuel" du tyran génocidaire soutenu par Poutine et les ayatollahs iraniens.
À la veille des élections européennes de mai 2019, où la ligne de fracture se fera sur l'un des axes majeurs du positionnement de Viktor Orbán depuis 2015 - la politique migratoire -, et trente ans après la fin du Rideau de fer, plonger dans la tête du dirigeant hongrois est un travail nécessaire pour comprendre l'Europe d'aujourd'hui.
Après soixante-dix années de silence, voici enfin mise en lumière une page enfouie de l'histoire coloniale française : le recours, pour travailler dans l'Hexagone, à une main-d'oeuvre immigrée de force. Déjà, en 2006, le film Indigènes, de Rachid Bouchareb, avait révélé un aspect peu connu de l'utilisation des peuples colonisés lors de la Seconde Guerre mondiale. Or, à cette époque, la France n'avait pas seulement besoin de soldats, mais aussi d'ouvriers, afin de remplacer les Français mobilisés.
Pour les travaux les plus pénibles, comme ceux du maniement des poudres dans les usines d'armement, la France fit venir en 1939 vingt mille Indochinois de sa lointaine colonie d'Extrême-Orient. Recrutés pour la plupart de force, débarqués à la prison des Baumettes à Marseille, ces hommes furent répartis à travers la France dans les entreprises relevant de la Défense nationale. Bloqués en Métropole pendant toute la durée de l'occupation allemande, logés dans des camps à la discipline très sévère, ils furent loués, pendant plusieurs années, par l'Etat français à des sociétés publiques ou privées on leur doit le riz de Camargue , sans qu'aucun réel salaire ne leur soit versé.
Ce scandale se prolongea bien après la Libération. Renvoyés vers le Viêtnam au compte-gouttes à partir de 1946, ce n'est qu'en 1952 que les derniers de ces hommes purent enfin revoir leur patrie. Un millier fit le choix de rester en France.
Après trois ans de recherches en archives et d'enquête, menée dans les banlieues de Paris et de Marseille, et jusqu'à Hanoi et aux villages les plus reculés du Viêtnam, Pierre Daum a réussi à retrouver vingt-cinq des derniers acteurs encore vivants de cet épisode si peu «positif» de l'histoire coloniale française. C'est leurs récits qu'il nous restitue dans ce livre.
Dans le 10e arrondissement de Paris, derrière la lourde porte du 147 rue La Fayette, se trouve un crime impuni, protégé par la raison d'Etat.
Le 9 janvier 2013, trois femmes kurdes ont été tuées au premier étage de l'immeuble, dans un petit appartement. Elles ont été exécutées de plusieurs balles dans la tête. Sakine Cansiz était une des fondatrices de la guérilla kurde du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et avait créé la branche des femmes de l'organisation; Fidan Dogan était en charge du lobbying du mouvement en France et Leyla Saylemez était une jeune militante.
Depuis trois ans, les éléments à charge contre les services secrets turcs, suspectés d'avoir commandité leur exécution, se sont accumulés sur le bureau de la juge d'instruction qui a bouclé son enquête. Mais un seul accusé, Ömer Güney, sera jugé lors du procès en assises qui s'ouvrira à Paris en décembre 2016.
Malgré des faits accablants, les autorités politiques françaises ne réclament aucun compte à la Turquie. Alors que le courage des combattantes kurdes du PKK contre l'Etat islamique en Irak et en Syrie est salué dans le monde entier, la mort de leurs camarades en plein Paris est recouverte d'un linceul de silence. Car les autorités françaises ont choisi de renforcer leur alliance stratégique avec Ankara. Faisant fi de leurs engagements à lutter contre le terrorisme. L'instruction a conclu que Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez avaient été victimes d'un « acte terroriste ». Sur le sol français, cyniquement, les victimes du terrorisme n'ont donc, à l'évidence, pas toute la même valeur.
Pendant plusieurs mois, j'ai enquêté dans plusieurs pays et j'ai eu accès à des sources turques et françaises inédites qui m'ont permis d'établir des liens entre le suspect numéro 1 et le MIT, les services secrets turcs.
Cette biographie a un parti pris : s'appuyant sur un corpus de plus de 15 000 pages, depuis Une journée d'Ivan Denissnvitch, L'Archipel du Goulag jusqu'à La Roue rouge, elle laisse l'écrivain évoquer lui-même les étapes d'une vie qui couvre tout le siècle passé.
Sept vies au total. Ce fut tout d'abord sa jeunesse dans la Russie stalinienne, avec déjà la passion de l'écriture, puis la terrible guerre contre les Allemands. Vint ensuite le Goulag, dont il fut huit ans le prisonnier, puis le conteur et le grand mémorialiste. Il devait connaître la terrible vie de l'écrivain clandestin et du cancéreux échappant de justesse à la mort - puis celle de l'écrivain porté aux nues par les autorités avant d'être obligé de mener dans la dissidence, souvent aux côtés de Sakharov, un combat dangereux et épuisant pendant onze années.
Vint ensuite l'exil en Occident où il conforta, envers et contre tout, sa vision de l'homme., du monde et de l'histoire. En parallèle, il continuait sa longue recherche sur les causes des malheurs de sa patrie, notamment avec La Roue rouge. Ce fut enfin, comme il l'avait prévu, le retour au pays, rendu possible grâce aux bouleversements planétaires auxquels il avait contribué. Puis la mort sur cette terre russe qu'il aimait tant...
Cette biographie se veut aussi une "histoire française", car plus que partout ailleurs les écrits de Soljenistsyne ont contribué ici à la faillite de l'idéologie communiste. Olivier Rolin résume très bien cette particularité : "Pour moi, le "Goulag" est une des grandes bornes tragiques du XXe siècle. Même si je suis français, c'est mon histoire". A quoi on ajoutera cette réponse de Bernard Pivot, questionné sur l'invité d'Apostrophes qui l'avait le plus impressionné : "Soljenitsyne, j'ai le souvenir d'un géant".
Un Victor Hugo qui aurait connu le bagne !
En avril 2015, Marine Le Pen a bruyamment rompu avec son père, qui venait de réaffirmer, dans un entretien à Rivarol, des motifs classiques de l'extrême-droite : rapport charnel au pays, apologie du combat et de l'instinct vital, défense de « l'Europe boréale » contre les invasions migratoires et du peuple contre les élites déracinées, minimisation de la Shoah...
La présidente du Front National n'a cependant pas répondu sur le fond, se contentant de dénoncer une démarche dommageable pour son parti en pleine « dédiabolisation ». Il faut donc comprendre si 1/ elle demeure fidèle à cette tradition sans l'exprimer totalement ; 2/elle en a modifié certains éléments, et lesquels ; 3/ elle propose une vision de l'homme et de la société différente de la pensée de l'extrême-droite.
En étudiants ses déclarations et ses discours, en examinant les inspirations philosophiques de son parti, en interrogeant des membres de son entourage et des spécialistes de l'extrême-droite, ce livre mettra en lumière les lignes de forces de l'idéologie du Front national d'aujourd'hui, afin de répondre à la question que tout le monde se pose : à la veille de l'élection présidentielle de 2017 le FN a-t-il vraiment changé ?
Premier pape jésuite, premier pape américain, le 266e successeur de Pierre jouit trois ans après son élection au pontificat (le 13 mars 2013) d'une popularité exceptionnelle. Son style direct, simple, son attachement à la piété populaire, sa défense des plus pauvres, et parmi eux des migrants, sa sensibilité aux problèmes spécifiques de notre temps, comme la menace écologique, participent pleinement à l'image très positive que l'ancien archevêque de Buenos Aires véhicule partout dans le monde exception faite de la Pologne orpheline de Jean-Paul II. Mais par-delà l'impression donnée d'un homme sympathique, doué d'un fort sens de l'humour, proche des gens, la pensée du pape François se révèle à l'analyse d'une grande complexité.
Le 5 juillet 1962, l'Algérie devient indépendante. Huit cent mille Pieds-noirs prennent le chemin de l'exil, mais deux cent mille font le pari de l'Algérie algérienne. Ceux-là, qui les connaît ? Depuis un demi-siècle, les seules voix audibles sont celles des Rapatriés de 1962. Et parmi eux, qui entend-on le plus souvent ? Les plus nostalgiques de l'Algérie française, ceux qui affirment qu'ils sont "tous partis", et qu'ils n'avaient le choix qu'entre "la valise ou le cercueil". Or, ces affirmations sont fausses. La seule présence, attestée par les archives, de ces deux cent mille Pieds-noirs présents en Algérie en 1963, le prouve amplement.
Pierre Daum est parti à la recherche de ces hommes et de ces femmes restés dans leur pays après 1962. Certains en sont partis cinq ans plus tard, ou dix ans, ou vingt ans. De nombreux y sont morts, heureux de reposer dans la terre où ils sont nés. Aujourd'hui, quelques centaines y vivent encore.
Aucun ouvrage ni aucun article, ou presque, n'en a jamais parlé. Preuves vivantes qu'un autre choix était possible, ils ont toujours été, au mieux, ignorés des Pieds-noirs de France. Au pire, ils ont été considérés comme "traîtres" pour être restés vivre avec les "Arabes".
Mêlant archives et témoignages inédits, ce livre permet de se plonger, à travers la vie de quinze témoins choisis pour la diversité de leurs origines et de leur parcours, dans les cinquante années de l'Algérie indépendante.
Des années exaltantes quoique difficiles, dans un pays qui ne tint pas ses promesses de pluralisme et de démocratie. Un pays en butte au sous-développement, marqué par les blessures jamais cicatrisées de son passé colonial.
Après Immigrés de force (Actes Sud, 2009), son premier livre-révélation sur les travailleurs indochinois de la Seconde guerre mondiale, unanimement salué par la critique, Pierre Daum nous livre une nouvelle enquête, passionnante et rigoureuse, sur un aspect inconnu du passé colonial de la France.
Témoignage capital sur une époque, ces souvenirs de la soeur de marina tsvétaeva, l'une des figures majeures de la littérature russe du xxe siècle, valent par eux-mêmes.
Ils sont l'oeuvre d'un écrivain qui sait merveilleusement restituer les émotions de l'enfance, de l'adolescence, l'atmosphère d'un lieu, d'une saison - un monde, un temps perdus. ces souvenirs, oú marina tsvétaeva occupe bien sûr la première place, évoquent avant tout la vie quotidienne de la famille tsvétaev (le père est le fondateur du musée pouchkine, à moscou) qui se confond avec les grands événements de l'époque (la révolution de 1905, l'enterrement de tolstoï, 1917.
) et la vie intellectuelle du moment. au fil des ans et des pages, des noms apparaissent comme ceux de volochine, gorki, akhmatova, goumiliov, mandelstam, pasternak. les souvenirs s'arrêtent en 1927, quand anastassia vient voir marina qui vit en france, à meudon. les deux soeurs ne se reverront plus jamais. anastassia, arrêtée en septembre 1937 (ses manuscrits confisqués et détruits), fut déportée puis reléguée en sibérie alors que marina revenue, en 1939, en union soviétique se suicidait, au début de la guerre, en 1941.
Deux chapitres complémentaires relatent un séjour en italie chez gorki, et une enquête en 1961, à elabouga, sur la mort tragique de marina. rarement l'intense vie littéraire russe aura été mieux décrite que dans ces souvenirs. dans le combat impitoyable que se livrent l'imagination libératrice et la volonté d'asservissement, voilà un témoignage criant de vérité sur le destin d'une génération promise à la hache du bourreau.
Les Athéniens du Ve siècle av.
J-C. ont inventé la démocratie, la loi, la raison et la liberté du citoyen pour gérer les affaires publiques. Mais, en dehors de ce champ politique, la plupart d'entre eux - démocrates comme aristocrates- se laissaient guider par les nomoi, ces coutumes des ancêtres qui définissaient les rôles de chacun, selon un ordre à la fois social, moral et... religieux. Socrate, en s'en remettant au seul sujet pensant, clans sa recherche de ce qui est véritablement "bon" pour l'homme, brisa la légitimité de cette transmission générationnelle.
Il se mit à la place du père pour proposer une éducation à la réflexion, un autre accès à la vertu. Tous ceux qui perpétuaient l'ordre des nomoi se sentaient réellement menacés dans leurs repères par les idées nouvelles des "physiciens", sophistes ou philosophes, qui venaient les ébranler. Comme système de défense, ils projetaient une représentation fantasmée de ces intellectuels qu'ils accusaient, sans distinction, de "corruption de la jeunesse et d'impiété".
Aristophane, clans sa comédie les Ailées, ne faisait que mettre en scène ce rejet idéologique, lorsqu'il proposait de brûler clans "son pensoir" un certain Socrate... Quand, vingt-quatre ans plus tard, Anytos intente un procès à Socrate, l'opinion est sans doute de son côté. Anaxagore et Protagoras eurent aussi leur procès et connurent l'exil. C'est la démarche "dissidente" de Socrate, transgressant sciemment codes et normes du tribunal, qui le fit condamner à une mort choisie.
Il sauva ainsi la philosophie en péril dont il devint l'emblème. Le Socrate que nous découvrons, en lisant Platon mais aussi Xénophon, est à la recherche de ce qui est "essentiel" en l'homme, pour en tirer le meilleur parti. Son "souci de soi", que l'on ne peut dissocier du "souci de l'autre", prend en compte les différentes dimensions de l'humain : la pensée critique et dialectique, mais aussi la santé, l'amitié, les rôles sociaux, la loi.
II fait émerger l'individu, articulant sa capacité de rupture avec la responsabilité vis-à-vis de lui-même et du monde qui l'entoure. Il propose alors une éthique qui se confoncl avec une forme supérieure de civisme. Une utopie d'actualité ! L'auteur, en conclusion, confronte la notion de dissidence avec celle de parrêsia que Foucault définit ainsi : "Il y a parrêsia lorsque le dire-vrai se dit clans les conditions telles que le fait de dire la vérité et le fait de l'avoir dite va ou peut ou doit entraîner des conséquences coûteuses pour ceux qui ont dit la vérité."
" mais où était ce premier endroit ? le tout premier ? car le premier endroit, sans aucune preuve, était de couleur orange.
" ainsi commence une extraordinaire plongée dans le monde d'une enfance juive en palestine, aux alentours des années vingt.
Récit autobiographique, partition musicale, inventaire d'images matricielles disséquées avec la précision de l'entomologiste, ce livre - la premier en français de s. yizhar, considéré pourtant comme le plus grand écrivain israélien vivant - exalte le monde dans sa folle complexité et retrace la saga de ces pionniers arrivés en terre promise, la bible dans une main et les romans de tolstoï dans l'autre.
Paysans et intellectuels, socialistes, slaves transplantés en orient, ils furent le ciment sur lequel s'édifia l'etat hébreu. pour eux, la rédemption du peuple juif ne pouvait passer que par la terre. et c'est précisément le rythme lent, lourd, répétitif, des travaux des champs et du cycle des saisons qui sous-tend ce roman où les mots semblent retournés par le versoir de la langue.
Mais la terre se montrait souvent ingrate et beaucoup finirent par la fuir pour s'installer en ville.
Là, entre les émeutes et les premiers émois, le jeune protagoniste du livre vit avec intensité une autre page de la genèse d'israël. aussi est-ce comme l'histoire d'une double formation qu'il faut lire prémices : celle d'un enfant et celle d'un pays.
En l'an 1655, le directeur d'une troupe de théâtre ambulante, jacques de sertan, un français aux origines bretonnes (ses carnets secrets, retrouvés en sibérie par un universitaire russe, sont rédigés en breton!) échoué en russie à la suite de maints déboires, est engagé par le patriarche nikon, inspirateur de la grande réforme de l'eglise russe, pour monter une pièce de théâtre retraçant la vie du christ.
A trois conditions, cependant: la pièce doit être vraie, sertan ne doit recourir à aucun comédien professionnel, et jusqu'au jour de la représentation le rôle du christ ne sera tenu par personne.
Si le français se rend bien compte qu'il tient là l'oeuvre de sa vie, il s'aperçoit aussi très vite que cette oeuvre tend à le dépasser, que les desseins du patriarche ne sont rien moins qu'apocalyptiques, et que la parole du christ produit d'étranges effets sur les paysans illettrés qu'il a enrôlés comme comédiens, et qui bientôt répètent leurs rôles avec ferveur.
Ce que deviendront le patriarche nikon, jacques de sertan et ses étranges comédiens, le lecteur le découvrira dans ce récit inouï, oú l'humain et le divin se mêlent pour le plus grand malheur des hommes, ou oú la vie finit par prendre couleur de théâtre - histoire de répétitions, certes, mais aussi répétitions obstinées de l'histoire. mais il y découvrira aussi, entre autres enseignements, que chercher à comprendre dieu permet d'aimer barabbas, que perdre son nez conduit parfois à combattre le diable, et que les lettres d'amour, comme les contes arabes, peuvent avantageusement remplacer le papier-monnaie.
Indispensable et précieuse pour tous, l'eau est une ressource fort mal répartie.
Aucune commune mesure entre les 59 m3 annuels à la disposition d'un habitant de gaza et les 630 000 m3 d'un islandais. bien sûr, de tout temps les hommes ont essayé de maîtriser l'eau : canalisations, aqueducs, puits, éoliennes, réservoirs, barrages. et aujourd'hui, devant l'urgence, les projets les plus fous se multiplient : convoyage d'icebergs du nord au sud, poche d'eau de la taille d'un zeppelin tirée par bateau.
Sans oublier les usines de dessalement de plus en plus performantes ou les fleuves artificiels comme celui récemment créé en libye. alors que la terre va compter 9 milliards d'êtres humains au milieu du siècle, de nombreux pays d'afrique et d'asie vont prochainement rejoindre les régions qui souffrent de la rareté de l'eau. ainsi la chine et l'inde, qui utilisent plus d'eau que les etats-unis, l'union européenne, le japon et la russie réunis, seront bientôt en situation de " stress hydrique ".
S'appuyant sur de nombreuses disciplines, l'auteur s'attache aussi à mettre en lumière les aspects géopolitiques des ressources hydrauliques. il suffit de voir à quel point la question de l'eau est maintenant au centre des négociations israélo-arabes ou des tensions entre la turquie et ses voisins. résultat d'une enquête menée à l'échelle mondiale, de rencontres avec les meilleurs experts, cet ouvrage milite pour une prise de conscience.
L'ère des travaux pharaoniques est révolue, il s'agit de mettre en oeuvre une approche patrimoniale donnant la priorité à des solutions écologiques. l'alternative est simple : il faut soit utiliser moins d'eau et arrêter le gaspillage, soit en importer ou en "fabriquer". tel cet homme qui, il y a cent ans en crimée, recueillait et canalisait l'eau de la rosée !.
N'éteignez pas cette chandelle ! cette injonction qu'emile habibi avait choisi de donner comme titre à son texte - le dernier qu'il devait écrire avant sa disparition en mai 1996 - résume avec force l'élan premier qui présida au projet de ce livre exceptionnel.
Pour la première fois, en effet, un écrivain palestinien et un romancier israélien conjuguent leurs voix dans un appel à la compréhension et au respect de l'autre, à l'examen de conscience et au possible pardon.
Riches de leur expérience particulière, observateurs et acteurs - mais surtout témoins - d'une tragédie sans solution, les deux écrivains, dans une tentative d'anticiper la future sagesse des hommes, lancent un bouleversant cri de révolte contre la violence et l'injustice qui déchirent l'histoire d'une terre promise à deux peuples.
" J'ai toujours rêvé d'être Romain Gary et c'est impossible. " Romain Gary.
Cinq identités, deux prix Goncourt et mille tragédies. Jean-Marie Catonné s'interroge sur la signification des affabulations de ce menteur magnifique, romancier virtuose et désespéré de sa propre vie.
Concernant Roman Kacew, alias Shatan Bogat, Fosco Sinibaldi, Romain Gary et Emile Ajar, les seules choses sûres sont le jour de sa naissance - le 8 mai 1914 à Wilno -, et celui de sa mort le 2 décembre 1980 à Paris. Il servit comme pilote dans les Forces Aériennes Françaises Libres durant la Seconde Guerre mondiale puis devint diplomate. Il fut l'époux de l'actrice américaine Jean Seberg qui mit fin à ses jours en septembre 1979. Un peu plus d'un an plus tard, il se suicidait à son tour. On apprit alors que, sous le pseudonyme d'Émile Ajar, il était également l'auteur de quatre romans dont la paternité avait été attribuée à son neveu, Paul Pavlovitch, qui avait assuré le rôle d'Ajar Romain Gary (Gary et Ajar : rapport avec le feu en russe) est le seul écrivain à avoir été récompensé deux fois par le Prix Goncourt, pour Les Racines du ciel en 1956 et pour La Vie devant soi en 1975.
La dernière biographie parue en France, celle de Myriam Anissimov, ne faisait que rétablir la " vraie " vie et les " vraies " origines de Romain Gary. Si le travail de recherche et de documentation a été salué à sa juste valeur, il a aussi laissé beaucoup d'amateurs de Gary sur leur faim : à quoi servait de rétablir la vérité d'un homme qui s'est acharné sa vie durant à transformer la réalité ?
La démarche de Jean-Marie Catonné, reprenant les " révélations " d'Anissimov, s'interroge sur la signification de ces affabulations : pourquoi s'est-il inventé une ascendance tartare, pourquoi a-t-il toujours affirmé n'être qu'à moitié-juif, pourquoi a-t-il nié avoir vécu avec son père plusieurs années ? Et ainsi de suite... jusqu'à l'invention d'Emile Ajar, dernier avatar de Roman Kacew.
Ce travail de terrain "sur les traces du génocide arménien" a été mené pour la première fois. Cependant l'objectif des auteurs n'est pas de parler de la Turquie du siècle dernier, mais bien de la Turquie d'aujourd'hui et de son rapport à la question arménienne.