Filtrer
Support
Éditeurs
Prix
Arlea
-
Dans sa préface, Martin Page nous prévient, le Traité des excitants modernes est un texte drôle.
Balzac y " présente les condamnés à mort comme cobayes à l'usage des savants. On y apprend beaucoup de choses, fausses ou inventées, et cela est rare car on oublie de nous enseigner les beaux mensonges sous leur vrai jour ; mais peu importe ! les papilles gustatives de la littérature sont incapables de juger de la vérité : elles ne sont sensibles qu'au goût ". Passant à son crible de consommateur et de critique l'eau-de-vie, le café, le thé, le tabac et, plus inattendu dans cette liste, le sucre, Balzac nous révèle les pouvoirs cachés de ces substances, qui viennent palier les défaillances de l'homme de plume et de l'homme tout court.
La loi nous oblige toutefois de préciser qu'il faut user de ce petit livre avec modération.
-
Passions ; la princesse de Clèves
Jean-Michel Delacomptée
- Arlea
- Litterature Arlea
- 6 Septembre 2012
- 9782869599901
La Princesse de Clèves, roman de Madame de Lafayette, fut publié en mai 1678, sans nom d'auteur.
En 1558, à la cour du roi Henri II durant la dernière année de son règne. Mlle de Chartres a quinze ans lorsqu'elle paraît au Louvre. Le prince de Clèves, homme d'une grande droiture morale, tombe amoureux d'elle dès qu'il l'aperçoit. Ébloui par sa beauté, il la demande en mariage. Mlle de Chartres n'a aucune expérience de l'amour et l'épouse sans être amoureuse de lui.
Alors qu'elle est mariée, la princesse de Clèves rencontre, à la cour, lors d'un bal, le duc de Nemours. Naît entre eux une passion immédiate et complexe qu'ils vivront l'un et l'autre dans le tourment, et qui tourmentera et éblouira lecteurs et écrivains jusqu'à nos jours.
-
Le 27 rue des Fontenelles, déjà évoqué dans Gauchère et Bistros, les deux derniers livres d'Hélène Millerand, devient ici, plus qu'une simple adresse. Pas loin du parc de Saint-Cloud et de Ville-d'Avray, cette maison, loin d'être confortable au début, mais posée dans un jardin enchanteur, sera Le lieu de la famille, son refuge. Comme toutes les maisons de famille, elle gardera dans ses murs, dans ses décors changeant selon les époques, dans son jardin au désordre savamment entretenu, la trace de ceux qui l'ont habitée. Et surtout Jacques et Miquette, les parent d'Hélène Millerand, dont elle fait tour à tour un portait à l'estompe, sensible et plein de tendresse, sans oublier l'humour qui caractérise souvent les textes de l'auteur. Histoire familiale, n'omettant ni les grands bonheurs ni les jours plus sombres, avec, comme des trésors restitués par le menu, des éclats encore vivants d'un quotidien rassurant fait de gestes et d'habitudes, 27 rue des Fontenelles est un hommage vibrant d'une fille à ses parents, maintenant que le temps a passé et que plus rien ne subsiste.
-
Suites anglaises ; heureux lecteurs ! de Fielding à Joyce, Stevenson, Orwell et quelques autres
Philippe Arnaud
- Arlea
- Litterature Arlea
- 11 Octobre 2012
- 9782869599925
À l'origine de ce livre, il y a deux passions : la littérature et la culture anglaise.
Car à force d'entendre dire que le français disparaît dans la communication globale anglo-saxonne, on en oublierait l'affinité profonde entre le français et l'anglais. Mallarmé comme Borges - qui furent l'un l'autre professeur d'anglais - disaient que français et anglais étaient en " rapport historique permanent ".
La tentation existe cependant de considérer les classiques de la littérature anglaise, de Swift à Waugh, en passant par Sterne, Fielding, D. H. Lawrence, Stevenson ou Shaw, comme des monuments d'un autre temps. Ces auteurs ont pourtant quelque chose de vital, et peut-être même d'urgent, à nous dire. Orwell, dont il est également question ici, se moquait des livres à " prétentions littéraires ".
Ce travail ne prétend à rien, sinon à distraire le lecteur en l'instruisant un peu. Il ne s'agit pas de faire littéraire, ni de parler sur la littérature, mais de relire tout simplement ces auteurs, en essayant de penser à partir de la littérature, le roman étant, comme chacun sait, la continuation de la pensée par d'autres moyens.
De tous côtés, on nous répète aujourd'hui, pour s'en réjouir ou le déplorer, que le statut " exceptionnel " autrefois dévolu à la littérature n'est plus. Comme si l'on voulait en finir une fois pour toutes avec la question : Qu'est-ce que la littérature ? Quitte à être à contre-courant, le désir de l'auteur est bien de se confronter une nouvelle fois avec cette question, à son avis, loin d'être forclose, et d'exercer son droit de suite, comme l'indique le titre de cet essai. Droit de suite, c'est-à-dire exercice de prérogatives sur la bibliothèque. Grâce aux classiques de la littérature de langue anglaise, que s'agit-il de recouvrer si ce n'est la jouissance ?
Les voies du roman européen passent par l'Angleterre. Et il faut bien l'avouer : la littérature anglaise est la plus riche, la plus universelle, la plus libre, la plus souveraine, la plus merveilleuse, la plus vivante, et la plus drôle du monde.
-
Lettres du Sahara Collection Littérature étrangère Alberto Alberto Moravia Traduit de l'italien par Christophe Mileschi Que se passe-t-il dans la tête d'un Lobi, quand il décide de ne plus se construire une demeure de boue séchée en forme de gousse et qu'il préfère une baraque sordide mais plus conforme au " progrès " ? Je voudrais vraiment le savoir, mais il est probable qu'il ne le sait pas, lui non plus : il change, voilà tout. Car il n'y a qu'une chose qui soit plus mystérieuse que la satisfaction, et c'est l'insatisfaction. Ce qui suffisait à la vie n'y suffit plus ; d'une année sur l'autre, un ordre qui durait depuis des siècles est délaissé, par désaffection et par inattention, comme le font les enfants avec leurs jeux.
Moravia était entre 1975 et 1981 l'envoyé spécial du Corriere della Sera en Afrique. Les textes qu'il écrivit en Côte d'ivoire et au Sahara furent réunis en un volume par Bompiani en 1981, sous le titre Lettres du Sahara.
Contrairement aux Promenades africaines, repris en poche chez Arléa, en 2007, ce livre est inédit en français.
Ce sont des récits de voyage - de vie et de mort (l'inoubliable mort d'un enfant) - qui se situent dans la tradition des écrivains et artistes-voyageurs, brassant une mémoire culturelle commune où l'on rencontre Baudelaire et Gauguin, Blixen et Conrad, et où la notation géographique, culturelle ou esthétique conduit toujours à une réflexion anthropologique - ou à une infinie rêverie poétique.
Par contraste, le contact avec les terres d'Afrique rappelle à l'écrivain (et à son lecteur) tout ce que l'Occident a perdu en gagnant le confort de la vie moderne.
-
Le livre des séjours et des lieux
Mathias Rambaud
- Arlea
- Litterature Francaise Arlea
- 19 Mars 2015
- 9782363080790
« Avant de lier aux êtres, l'amour lie aux lieux. Tel horizon marin où se respire l'appel de la vie neuve, telle lumière qui distribue la terre en pleins et vides et permet que soit composé un paysage, tel vent qui se lève soudain, venu de nulle part, telle chambre, tel jardin aussi bien : voilà les vraies, car indéfectibles, ligatures. Ces lieux sont ceux que l'on a quittés, ceux dont on est privé, ceux qui se tiennent désormais dans le lointain et qui causent notre tristesse (aussi les grands nostalgiques sont-ils de grands sensuels par voie de dégradation, le corps présent valant comme ersatz du lieu perdu). » Platon rapporte qu'Aristophane définit l'amour comme séparation.
Ce sont les premières lignes d'un homme hanté par les lieux de l'enfance, par les rêves, par le ressac de la mer - hanté par ce qui demeure. Promenade d'un rêveur solitaire qui parcourt Narbonne, Montpellier, le Languedoc ; rêverie d'un égaré qui se souvient des chiens errants, des étangs, des lisières, des humiliations, des départs ; méditation d'un philosophe qui débusque la lumière dans les livres et l'amour dans l'écriture et qui, s'interrogeant sans cesse sur le lieu et le lien, ouvre avec ce texte une brèche souveraine et merveilleuse dans la littérature.
-
Madeleine ou l'incandescence
Barbara Lecompte
- Arlea
- Litterature Francaise Arlea
- 24 Mai 2018
- 9782363081612
Une femme brune est assise seule dans la nuit, éclairée par la flamme d'une bougie. C'est Madeleine.
Madeleine au miroir, Madeleine aux deux flammes, Madeleine à la chandelle, ou encore, Madeleine au livre, mystérieuses toiles que ces chefs-d'oeuvre du peintre lorrain, Georges de La Tour.
De la cour du roi Louis XIII au secret de l'atelier de l'artiste, de l'antichambre du cardinal de Richelieu à la Lorraine incendiée et ravagée par les guerres, Barbara Lecompte s'interroge sur l'énigme des Madeleine et le secret de l'obsession de La Tour.
Sortant des sentiers battus, elle propose une analyse sensible autour du personnage biblique de Marie-Madeleine et poursuit le modèle favori du peintre jusqu'à la grotte de la Sainte-Baume, en Provence, où la sainte ermite aurait fini sa vie.
Madeleine ou l'incandescence, un subtil éclairage sur les interrogations du Maître de la nuit.
-
Portraits birmans ; dix-neuf vues de la Shwedagon
Sébastien Ortiz
- Arlea
- Litterature Arlea
- 5 Avril 2012
- 9782869599765
Avec Dix-neuf Vues de la Shwedagon, Sébastien Ortiz, attaché culturel à l'ambassade de France en Birmanie (aujourd'hui Myanmar) publie son deuxième roman, qui, à l'instar du premier, Fantômes à Calcutta (Arléa, 2010), est nourri de son expérience à la fois de diplomate, de spécialiste des civilisations asiatiques, mais aussi d'insatiable curieux de la vie quotidienne.
Avant tout, dévoilons le mot mystérieux que Sébastien Ortiz a choisi pour titre de son roman. La Shwedagon (de shwe, " or ", et dagon, " ancien nom de Rangoun ") est le nom de la grande pagode de Rangoun (aujourd'hui Yangon), lieu saint bouddhique le plus important de Birmanie, qui abriterait huit cheveux du Bouddha historique Gautama. Située à deux kilomètres du centre de Rangoun, au sommet de la colline de Singuttara, la grande pagode se dresse au milieu de soixante-douze autres pagodes, pagodons, salles de prières et autres édifices, ainsi que de très nombreuses statues de bouddhas. Son stûpa atteint cent mètres de hauteur, et sa flèche est sommée d'une sphère d'or incrustée de milliers de diamants.
Pour nous, Occidentaux, la Birmanie est un des pays le plus maudits de la Terre, avec ses généraux, la répression constante contre les moines et tous les opposants, mais, aussi, la haute figure de la grande Dame de Rangoun, Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix 1991. Les abominables contraintes qui pèsent sur elle et sur tous les Birmans, offusquant les images des tentatives de soulèvement toujours réprimées par une soldatesque brutale, nous empêchent d'imaginer que, malgré la terreur, tout un peuple essaie de vivre au quotidien, se débattant, comme partout ailleurs, avec ses préoccupations vitales - santé, travail, nourriture, et même divertissement.
Tout au long de ces dix-neuf vues (qui sont aussi dix-neuf vies), Sébastien Ortiz nous révèle les mille facettes qui illustrent la vie quotidienne des " vrais gens ", et cet éclairage tout à fait nouveau, s'il nous émeut bien souvent, ne manque pas de nous étonner. On vit, malgré tout, en Birmanie, à Rangoun, et nous le prouvent ces dix-neuf portraits de Birmans et d'expatriés qui se rendent à leur travail, vont en week-end à la campagne, " sortent en boîte ", et, pour certains, recherchent, le soir, la chaleur tarifée et vite éteinte d'une prostituée.
Ce qui lie entre elles ces " vues " et ses vies, c'est bien sûr l'omniprésence de la Shwedagon, fil rouge incontournable au centre de la ville. Mais d'autre part, et même si, cette fois, ce n'est pas dit dans le titre, la grande Dame de Rangoun est elle aussi partout étrangement présente, par allusions discrètes, et l'on devine qu'elle est aussi nécessaire, aussi indispensable aux habitants de la ville que la grande pagode.
Un air un peu plus léger semble souffler aujourd'hui sur ce pays, qui fait entrer la Birmanie dans l'actualité de nos médias. Peut-être est-ce de bon augure à la fois pour le pays, pour la grande Dame, et pour le succès de ce beau roman.
-
Promesse Michel Croce-Spinelli Qu'est-ce qui pousse Hugo, grand reporter, à s'enfoncer imprudemment en pays khmer, sans véritable préparation, mu par une urgence qui semble si grande qu'elle pourrait lui coûter la vie ? C'est une promesse, une promesse folle mais essentielle, de celles qu'on fait à un mourant, et qu'on sera, bien sûr, obligé de tenir.
Médecin humanitaire, Louis, homme flamboyant et complexe, fait de courage et de faiblesse meurt en Afrique, de la main même de ceux qu'il soigne, lors d'une embuscade qui tourne mal. À l'agonie, il charge Hugo d'une mission, retrouver une femme, Vannah, qu'il a laissée derrière lui, sous l'atroce gouvernement des Khmers rouges. Cet abandon l'a hanté toute sa vie.
Hugo promet. Retrouvera-t-il Vannah ? Et, si elle est encore en vie, comment aura-t-elle traversé ces années de terreur rouge ?
Et qui sait, d'ailleurs, si la recherche de Vannah est l'unique raison de cette quête quasi initiatique qu'Hugo entreprend ?
Ce roman de Michel Croce Spinelli montre avec justesse les limites du travail des journalistes comme celles des humanitaires, hommes et femmes happés par des conflits qui les dépassent, et où il est bien difficile de rester soi-même.
-
Hélène Millerand revient sur ses premières années, de sa naissance dans une famille aussi attachante qu'atypique, qui compte quand même un président de la République, Alexandre Millerand, à ses vingt ans.
Pour tout dire, c'était un peu compliqué. Il y avait la gare Saint-Lazare avec un " e " et le grand-père Lazard avec un " d ". Quand pour une raison ou une autre, ma mère devait décliner son nom de jeune fille, elle précisait Lazard avec un " d ". elle avait l'air d'y tenir à ce " d ". Au catéchisme, il y avait la résurrection de Lazare avec un " e ", celui de la gare d'où nous prenions le train qui nous ramenait de Paris à notre maison de Sèvres, enfin, dominant l'autel de l'église de Grosrouvre où j'allais à la messe pendant les vacances, il y avait un Christ en croix, auquel mon grand-père maternel, prénommé Christian de surcroît, aurait ressemblé étonnamment. Total, j'avais tendance à confondre le Christ de Grosrouvre, le Lazare de la SNCF et mon grand-père. À un détail près,
mon grand-père maternel, matricule 2685, convoi 57, départ de Drancy le 18, 07, 1943
, n'était pas revenu d'Auschwitz-Birkenau où il avait été assassiné par les nazis à l'âge de soixante-quatre ans, contrairement aux deux autres qui étaient ressuscités.
Hélène Millerand, après son dernier livre
Bistros, où elle traçait la carte des cafés parisiens qui ont jalonné sa vie de femme, revient avec une retenue élégante pour ne pas sombrer dans la mélancolie, sur ses premières années, de sa naissance dans une famille aussi attachante qu'atypique, qui compte quand même un président de la République, Alexandre Millerand, à ses vingt ans, qu'elle fête comme il se doit à Athènes, au bar de l'hôtel Hymette, sirotant un mojito préparé par un vieux grec d'Alexandrie qui lui fit cadeau d'un principe de vie qui ne l'a plus quittée : il faut cent ans pour apprendre à vivre et cent ans pour vivre après.
Ces vingt années fondatrices, elle les raconte avec émotion. La petite fille, qui écoute et observe plus qu'elle ne parle, nous prend par la main et déroule pour nous, les événements qui la marquent. Que comprend des transformations du monde qui va, une enfant recluse dans son monde, celui qu'elle s'est construit, avec détermination, où les engouements et les éblouissements n'ont d'égals que les déceptions et le sentiment violent d'une solitude. Les souvenirs s'entremêlent et pèsent tous leur poids de vie. Le parfum enivrant d'un mimosa compte autant que les premiers émois amoureux. La lecture avide des numéros de Paris-Match, les échos de la guerre d'Indochine et d'Algérie, la grâce d'Audrey Hepburn, la présence d'un frère mort trois ans avant sa naissance, l'amour inconditionnel pour un père et la présence magnétique d'une mère admirée, tout cela forme, à l'estompe, une enfance. Ni plus ni moins qu'une enfance. Celle d'où elle vient et qui l'a faite ce qu'elle est.