En 1969, à Boston (États-Unis), des femmes commencent à diffuser sous forme de brochures leurs échanges sur la sexualité, la santé et le corps. Devenu un manuel politique et féministe, "Our Bodies, Ourselves" est publié en 1973. Il sera traduit ou adapté dans 35 langues, y compris le français, en 1977, chez Albin Michel. Et vendu à plus de 4 millions d'exemplaires.
Ce guide couvre toutes les étapes de la vie des femmes, de l'enfance à la vieillesse, en abordant la puberté, la contraception, l'accouchement, l'avortement, la ménopause, mais aussi les violences auxquelles les femmes sont exposées et comment y répondre. Construit à partir de très nombreux groupes de parole et entretiens, il donne à entendre les voix des femmes et fournit de nombreuses informations scientifiques et médicales.
Nous avons osé être libres, osons l'être par nous-mêmes et pour nous-mêmes ; imitons l'enfant qui grandit : son propre poids brise la lisière qui lui devient inutile et l'entrave dans sa marche. Quel peuple a combattu pour nous ! quel peuple voudrait recueillir les fruits de nos travaux ? Et quelle déshonorante absurdité que de vaincre pour être esclaves.
Jean-Jacques Dessalines, « Indépendance, ou la mort... » (1804).
Poèmes, pamphlets, lettres ouvertes, allocutions, récits de vie... dès la fin du xviiie siècle, aux États-Unis et en Haïti - les deux premières nations indépendantes de l'ère des révolutions -, nombre d'auteurs et autrices afro-descendantes ont, dans une grande variété de textes, dénoncé et théorisé l'esclavage, le colonialisme ou encore le racisme. Revendiquant notamment un universalisme qui tienne compte des discriminations raciales, ils ont fait circuler, bien avant W. E. B. Du Bois, l'exigence d'une égalité et d'une indépendance réelles. Qu'ils et elles s'appellent Sarah Parker Remond, Sojourner Truth, Frederick Douglass ou Toussaint Louverture, leurs noms, leur vie et leur pensée, injustement oubliés et effacés, sont de nouveau accessibles grâce à cette anthologie.
Mes larmes étaient celles d'un désenchantement : un désenchantement féministe. J'avais échoué à trouver les mots qui auraient fait douter ces femmes de leur offensive contre d'autres femmes, de leur trahison d'un féminisme universel, de leur aveuglement par des biais racistes et islamophobes. Puisque l'islamisme était l'ennemi, celles qui affichaient leur adhésion à l'islam devenaient à leurs yeux l'incarnation de ce danger, et se retrouvaient exclues des luttes pour les droits des femmes.
Mais les femmes musulmanes ne sont-elles pas des femmes ?
Maîtresse de conférences en sociologie à l'université de Strasbourg, Hanane Karimi déploie ici une réflexion sur la « nouvelle laïcité », l'islamophobie et l'héritage colonial français pour montrer comment les femmes musulmanes, désignées comme des ennemies de l'intérieur, se voient refuser l'accès à une citoyenneté pleine et entière, à l'espace public et à l'arène politique - voire, tout simplement, le fait d'être des femmes dignes d'avoir des droits.
Pourquoi lutter pour l'abolition de la police et de la prison ? À quoi ressemblerait-elle ? Comment l'appliquer quand on fait face à des viols ou à des meurtres ?
Les abolitionnistes sont accusés d'imaginer un monde sans conflit, ou dans lequel personne ne ferait rien de mal. Pourtant, à la lecture du livre de Kaba, composé d'essais, d'entretiens et de billets de blog écrits depuis 2014, il est clair qu'elle est très consciente de ce que sont la brutalité et l'iniquité - sans doute plus que ses détracteurs.
Revenant sur l'histoire de la prison et des mouvements abolitionnistes, Kaba montre qu'il s'agit surtout d'oeuvrer pour trouver d'autres ressources comme l'entraide, l'écoute et la solidarité - une justice réparatrice et transformatrice.
Une fois constaté que l'hétérosexualité figeait les individus en hommes et femmes, et qu'elle faisait souvent peser une contrainte sexiste sur ces dernières, comment passer à l'étape suivante ?
Comment vivre concrètement ce lesbianisme politique dont on parle si souvent ?
Certes, personne ne décide de son orientation sexuelle. Et certain.es n'en changeront jamais.
Mais il est possible pour certain.es d'entre nous d'ouvrir son désir et d'explorer d'autres vécus.
Si Sortir de l'hétérosexualité de Juliet Drouar explorait la théorie, Comment devenir lesbienne propose de passer à la pratique. Jesuisgouine, autrice d'un compte Instagram sur ce sujet, elle-même passée de l'hétérosexualité à l'homosexualité, propose dix étapes concrètes et faciles à franchir.
Si les femmes ont participé activement à de nombreux conflits armés, tout a toujours été fait pour éviter que cela se sache. La violence leur a toujours été interdite : le rôle que leur a attribué la société est de donner la vie, pas de la prendre. L'écrivaine et journaliste biélorusse Svetlana Alexievitch le montrait déjà brillamment dans La guerre n'a pas un visage de femme (1985).
Dans On ne va pas y aller avec des fleurs, il n'est pas question d'analyser cette violence, mais de donner la parole à celles qui y ont eu recours. À différentes époques, dans différents endroits, ces femmes ont fait le choix d'une violence politique, de la lutte armée
Pourtant je suis là et j'écris.
Pour m'inscrire courageusement dans une lignée de fantômes et de cadavres qui m'ont appris la droiture et la dignité.
Pour vous dire qu'ils ont existé, qu'ils ont souffert et qu'ils sont tous morts.
Mais que je suis vivante et que je veux croire qu'on peut dénouer un peu la menace de l'hérédité, espérer ne plus être si seule, rêver malgré tout de justice,imaginer se sentir comprise, sans fausse pitié ni vraie condescendance.
Jennifer Yezid est la nièce de Malika Yezid, tuée en 1973 par un gendarme alors qu'elle avait huit ans. C'est aussi la seule survivante de sa famille. Avec Asya Djoulaït, écrivaine, et Sami Ouchane, historien, elle raconte les répercussions de ce crime injuste et impuni sur sa famille, mais aussi le sens de la justice et de la vérité, la soif de vivre qui l'animent et l'amènent à parler aujourd'hui.
Si tout le monde sait que la vague féministe actuelle a pris sa réelle ampleur avec #metoo, donc avec les réseaux sociaux, beaucoup seraient bien en peine de dire ce qui y a conduit.
Revenant aux origines que sont, en France, le Tumblr Paye ta schneck ou le blog Crêpe Georgette, mais aussi sur sa propre expérience chez Femen, Elvire Duvelle- Charles, journaliste, réalisatrice et activiste, écrit une histoire qui n'existait pas encore, mais s'intéresse aussi aux graves dégâts que peuvent causer des espaces d'expression échappant totalement à la loi. Elle dresse enfin un tableau de la situation actuelle, des enjeux qu'elle pose et des dangers qui la guettent, en proposant quelques pistes pour anticiper et contrer le backlash.
En plus d'e^tre fe´ministe, celle qui a invente´ la Journe´e internationale des femmes, ce´le´bre´e tous les 8mars, e´tait aussi re´volutionnaire, pacifiste et antifasciste, de´pute´e pendant treize ans et amie fide`le de Rosa Luxemburg. Ce livre, coordonne´ et introduit par la journaliste Florence Herve´, rassemble des lettres, des discours et des textes the´oriques, une biographie et des portraits par diffe´rents auteurs de celle qui voulait se battre « partout ou` il y a de la vie».
En 2012-2013, en opposition à la loi ouvrant le mariage aux personnes de même sexe, dite "Loi Taubira", les Manifs pour tous ont fait déferler dans les rues de France une droite dont peu soupçonnaient la détermination, le nombre et la radicalité. Dans le sillage de cette mobilisation s'opèrent des rapprochements qui reconfigurent profondément le champ de la droite de la droite, notamment autour de la question de l'égalité des sexes. Si même Marine Le Pen ne peut plus aborder la condition des femmes comme le faisait son père, cette question devenue centrale est le point de départ de multiples prises de position aussi réactionnaires que déstabilisantes. Loin de se cantonner à des groupuscules inoffensifs, ces mouvements exercent au contraire une influence réelle.
En France, la lecture des textes de Nietzsche et l'interprétation qu'on en fait sont notamment marquées depuis plusieurs décennies par Deleuze, qui en a fait un philosophe de gauche, et par Foucault, qui l'a enrôlé dans sa vaste entreprise de reformatage du concept de vérité. Jacques Bouveresse montre qu'il s'agit là de vastes méprises. Poursuivant la réflexion engagée dans "Nietzsche contre Foucault" (Agone, 2016) et au terme d'une longue plongée dans les Fragments posthumes, il offre ici un double portrait du philosophe :
Nietzsche en chercheur de vérité, moraliste ironiste, lucide et passionné ; et Nietzsche en penseur politique, défenseur d'un radicalisme aristocratique.
Éducation populaire, empowerment, développement du pouvoir d'agir, community organizing... Dans un contexte où les inégalités explosent et où se répand largement une remise en cause de l'efficacité de la démocratie représentative, ces concepts interrogent et séduisent.
Adeline de Lépinay propose ici de ne garder que le meilleur des principes stratégiques du syndicalisme et du community organizing étatsuniens, et de le lier aux démarches émancipatrices d'éducation populaire, ceci afin de donner des pistes pour agir concrètement pour une transformation sociale qui s'attaque à toutes les dominations et qui ne se laisse pas piéger par les mirages du néolibéralisme.
Pour conserver son pouvoir face à la majorité noire qui augmentait et se révoltait, le gouvernement a chargé une commission d'aller enquêter sur le racisme institutionnel dans le monde entier. En Australie, aux Pays-Bas, aux États-Unis, ses membres ont observé ce qui était efficace et ce qui ne l'était pas. De retour en Afrique du Sud, ils ont élaboré le système d'oppression raciste le plus extrême que l'humanité ait jamais connu.
Les significations attribuées au mot "communiste" sont plus diverses que jamais. Il renvoie à une histoire tragique pour les peuples et les communistes eux-mêmes, et est même associé, dans le cas de la Chine, à un acteur central de la mondialisation capitaliste. Mais il reste aussi, pour beaucoup de celles et ceux qui le revendiquent, associé à l'idée d'une alternative au capitalisme, visant à l'égalité sociale et à l'instauration d'un pouvoir politique effectivement exercé par le plus grand nombre, non monopolisé par les élites sociales.
Au-delà de ceux qui l'ont pensé ou dirigé et dont on a retenu les noms, le Parti communiste français est aussi le fruit de l'engagement de nombreux anonymes, adhérents, sympathisants ou militants, femmes se revendiquant ou non du féminisme ou encore travailleurs immigrés engagés dans les luttes anticoloniales. Cette histoire, qui commence au congrès de Tours en 1920 et traverse un siècle en France, est aussi la leur.
Entre immenses espoirs et profonds découragements, Julian Mischi, sociologue et politiste, notamment auteur de Servir la classe ouvrière. Sociabilités militantes au PCF (PUR, 2010) et de Le Communisme désarmé. Le PCF et les classes populaires depuis les années 1970 (Editions Agone, 2014), relate ici une tentative unique de promouvoir les classes populaires.
Ce huitième numéro de BALLAST propose : le portrait d'une postière en lutte contre sa hiérarchie, suite à un AVC sur son lieu de travail, un reportage dans le bâtiment marseillais, un entretien avec Charles Piaget figure de la lutte des LIP, un dossier consacré à la question de la robotisation et de l'automatisation dans le travail, un reportage en Grèce quatre ans après Tsipras, un reportage auprès de l'Association européenne contre les violences faites aux femmes (AVFT), un article sur l'agriculture végétalienne, un reportage de la ZAD de l'Amasada dans l'Aveyron, une histoire économique des indépendances par Saïd Bouamama, un portrait du cinéaste Joris Ivens, une nouvelle sur Salvador Puig i Antich par Adeline Baldacchino, un carnet de route au Niger, un poème et des illustrations
Ce septième numéro de BALLAST propose : le portrait d'un balayeur en banlieue parisienne, un reportage aux côtés des dockers havrais, un entretien avec la journaliste Florence Aubenas, une rencontre entre Angela Davis et Assa Traoré, un dossier consacré à la question écologique (décroissance et écosocialisme, avec Agnès Sinaï et Michael Löwy), une analyse sur la situation de la gauche en Afrique du Sud, un reportage auprès de l'Association pour le développement de la santé des femmes, un reportage dans un refuge antispéciste, une présentation du fédéralisme proudhonien, un portrait de l'écrivaine Claude Cahun, une nouvelle du collectif de sciencefiction Zanzibar, un carnet de route à Jérusalem, un poème et des illustrations.
Ce dixième numéro propose : - Un témoignage d'une ancienne travailleuse dans la monoculture viticole dans le Médoc - Un reportage sur des ouvriers d'une usine de recyclage de papier dans la Sarthe - Un grand entretien - Un débat sur l'institution policière et sa violence, avec Elsa Dorlin et Ugo Bernalicis - un article d'éthique animale - un papier théorique - Un portrait de Ernest Coeurderoy : « synthèse de collectivisme et de mutuallisme libertaires » - l'Union européenne à l'agonie, par Rosa Moussaoui - Un reportage sur des femmes au Sénégal : savoir agronomique et changements environnementaux - Un carnet de bord au Pays Basque Sud - Une nouvelle de fiction - Des poèmes de Marc Sastre - Une carte blanche graphique à l'illustratrice Marion Jdnanoff
Ce neuvième numéro propose : le portrait d'agriculteurs bio, un reportage sur les anciens ouvriers de la verrerie de Givors frappés par les maladies professionnelles, un entretien avec la femme politique malienne Aminata Traoré, un dossier consacré au rapport entre socialismes et religions, un article sur l'intelligence artificielle en Chine, un reportage dans une maison de retraite féministe en région parisienne, un article sur l'expérimentation animale, la question écologique à travers les montagnes, un article sur le "suprémacisme mâle" par Francis Dupuis-Deri, un portrait de l'écrivaine américano-mexicaine Gloria Anzaldua, une nouvelle, un regard croisé sur les révoltes à Honk Kong et en Algérie, un poème et des illustrations.
Ce livre, sur lequel Hendrik Davi a travaillé pendant quinze ans, propose à la fois une vision d'ensemble de la situation dans laquelle nous sommes et une vision des futurs émancipateurs.