Des décennies après son départ, la narratrice, une romancière de renom, revient dans le village qui l'a vue naître. Dès son arrivée, elle est en butte à l'hostilité des villageois qui l'accusent d'avoir sali dans ses livres leur réputation et leurs familles.
Tandis qu'elle retrouve les visages, les lieux et les odeurs de son enfance, son histoire la submerge. Lui revient en mémoire son passé, et un terrible secret de famille si longtemps gardé refait surface. Encouragée par la parole, testamentaire de son maître spirituel et auteur du Prophète Khalil Gibran, dont l'ombre plane sur le village, elle veut dévoiler l'indicible, s'en affranchir et rendre justice.
Réalité et fiction se mêlent dans ce roman dense, incisif et fascinant. D'une plume aussi tranchante que poétique, Yasmine Ghata parvient à créer une ambiance sensuelle et envoûtante, et révèle au lecteur la force libératrice de la littérature.
Qui était Siyah Qalam, autrement dit le calame noir ? Fasciné par les nomades des steppes d'Asie centrale, ce peintre énigmatique de la fin du XVe siècle a laissé des dessins très loin des canons esthétiques de son époque. Son style réaliste intrigue depuis toujours les historiens d'art islamique. Un album de ses oeuvres conservé au musée de Topkapi renferme son secret. On y voit des hommes et des femmes au sein d'un campement d'été dans leurs tâches quotidiennes, mais aussi des descriptions de cérémonies occultes grouillant de démons et de créatures maléfiques. Pour quelle raison cet artiste de la cour de Tabriz a-t-il laissé autant de témoignages sur ces peuplades vouées à l'oubli ?
Personne n'est en mesure d'éclaircir le mystère de ces dessins presque magiques, à l'exception de Suzanne, l'héroïne de ce roman, qui, déambulant dans les salles d'une exposition, est soudain happée par une voix venue d'un autre temps, d'un autre continent. Une âme errante, celle d'Aygül, la propre fille de Siyah Qalam, qui lui raconte l'histoire si singulière de son père, cet homme de talent et peintre du réel en proie aux vicissitudes de son temps. Par-delà les siècles, un lien fort finit par s'établir entre les destins de ces deux femmes qui ont en commun l'impossible deuil du père.
Prix France-Liban de l'ADELF 2018
Yasmine n'a que 6 ans à la mort de son père et, très vite, sa mère se cloître dans l'écriture.
Elle s'éloigne inexorablement des mots et des phrases, refuse de lire et ne parle plus.
Quand sa mère achève son manuscrit, la fiction déserte la maison et la réalité reprend ses droits. Grâce à l'écriture, elle a fait son deuil mais pas Yasmine qui en est incapable.
«Mon corps est épuisé, écris pour moi, raconte cette mère oxydée par les mots, érodée par les lettres. Tu as le droit de tout dire ».
Comment obéir à une telle injonction? Suzanne est romancière et fi lle de romancière. Dès l'enfance, les mots ont irrigué ses organes en croissance. Mais au chevet de sa mère mourante, Suzanne ne sait plus si elle écrira encore. Les mots ne lui appartiennent pas, elle les a reçus en héritage, et même les souvenirs d'enfance de sa mère, dans un village des montagnes libanaises, semblent supplanter les siens. Alors monte en Suzanne une inquiétude : et si cet héritage était une dette? Et si, de livre en livre, sa mère n'avait jamais cherché qu'à se débarrasser d'un fardeau qu'elle aurait fi ni par lui transmettre? Or Suzanne a déjà trop écrit pour ignorer qu'une dette contractée en littérature ne peut se solder qu'en littérature.
Tout commence lorsque Suzanne, qui anime des ateliers d'écriture, demande à chacun de ses élèves d'apporter un objet de famille susceptible d'illustrer sa vie personnelle. L'un d'entre eux, Arsène, un orphelin rwandais réfugié en France après avoir réussi à échapper aux massacres qui ont ensanglanté son pays, doit avouer qu'il ne possède rien d'autre qu'une valise qui lui a servi d'abri durant sa fuite. C'est à partir de cet objet singulier que Suzanne va le convaincre de lui raconter son itinéraire et de lui livrer le secret de sa jeune existence. L'exercice devient pour Arsène le moyen d'exorciser sa « peur de la nuit » et de renouer les fils d'une identité dévastée, tandis que Suzanne accomplit son propre rituel du souvenir en revenant, pour un ultime adieu, sur les traces d'un père prématurément disparu. Par la grâce de l'écriture et de l'imaginaire.
Yasmine Ghata La Nuit des calligraphes « Ma mort me fut aussi douce que la pointe du roseau trempant ses fibres dans l'encrier, plus rapide que l'encre bue par le papier. » Ainsi parle Rikkat, la calligraphe ottomane, alors qu'elle entreprend le récit de sa vie. En 1923, adolescente, elle sait déjà que rien ne pourra la détourner de la calligraphie. La même année, rompant avec l'islam, la république d'Atatürk abolit l'alphabet arabe au profit du latin. Du jour au lendemain, des centaines d'ouvriers de l'écriture » sont mis au rebut. Le suicide de Selim, l'ancêtre virtuose, va sceller un pacte inviolable entre sa jeune élève Rikkat et l'art des calligraphes. Avant de mourir, l'homme lui lègue son écritoire et son encre d'or, et la charge de perpétuer l'art de la calligraphie. Mêlant le monde des pratiques scripturales - royaume de l'étrange et du mysticisme - et la Turquie contemporaine, Yasmine Ghata signe d'une plume alerte et raffinée un premier roman classique et inspiré. Le sentiment de puissance et de facilité mêlées porte un nom : la grâce. Topo. Chaque page est une ode à la beauté et au divin. Arabies. Sensuel et sensible, La Nuit des calligraphes est d'abord un beau portrait de femme. Michèle Gazier, Télérama.
A la mort de son père, Hossein hérite du târ qu'on se transmet de génération en génération. Mais l'instrument lui résiste, refusant de libérer les accords qui font la gloire des musiciens d'Iran. Avec son jeune frère, il se rend à la ville d'Ardabil, où le meilleur luthier de la région pourra changer les cordes du târ.
Dans cette cité grise, on porte le deuil de Mohsen, joueur de târ lui aussi, aveugle et saint, dont les notes magiques faisaient couler les ruisseaux et fleurir les arbres, et qu'on a retrouvé assassiné. Inconsolable et hostile, la population fait prisonniers les deux jeunes garçons. Mais quel crime ont-ils commis oe