Il a appris la vie à la dure, son passé brûlerait les doigts de n'importe qui. Entre sa mère qui finit ses jours en taule, et ces saletés de guerres qui lui ont balancé au visage toute l'insoutenable dureté de l'être, le retour à la normale est impossible. Il fait partie de ceux qui portent en eux la malédiction de leurs origines. Mais loin d'abandonner, il va se battre pour préserver un petit noyau de fierté qui palpite en lui. Peu importe ce que cela coûte, les jobs de merde et les femmes aimantes, il doit défendre cette infime fraction d'indépendance. Et c'est l'écriture qui surgit, c'est elle qui sauve, absout et répare. Et lui, c'est Jarl Carlson, c'est aussi Fred Exley, Martin Eden et Holden Caufield, c'est un de ces damnés de la terre pour qui la littérature compte plus que tout.
Intemporel cri de rage des laissés-pourcompte et des âmes médiocres, Un Jardin de sable les embrasse dans le triomphe de l'impur. Jacky, né au Kansas à l'aube de la grande dépression, porte le désespoir et la misère comme une seconde peau, il se nourrit d'un monde où prévalent la brutalité et le mépris.
Un Jardin de sable est une oeuvre puissante et sombre, un classique peuplée d'êtres acariâtres, de gamins aux mentons croûtés, de truands, de prostituées et de brutes - les ongles y sont sales, la peau, couverte de bleus, et les draps comme les âmes sont souillés au-delà de toute rédemption. Pourtant c'est une oeuvre belle de douleur et de foi en l'avenir. C'est Steinbeck et Fante. C'est Bukowski et Zola. C'est de la dynamite et de la poésie.
C'est la vie. Brutale, nauséabonde et magnifique.
Kansas, 1945. La paix n'arrange pas tout le monde. Jack a 15 ans, une mère qui tapine, un beaupère en taule, un passé inimaginable entre violence et dépravation, et un rêve : échapper à la misère en s'engageant dans l'armée. Lui aussi veut dézinguer du Jap, connaître la gloire et s'envoyer en l'air. De Whichita à Shanghai, de l'Allemagne à la Corée, Jack trimballe son désir infini dans une odyssée sexistentielle où gifle comme caresse, tout est bon à prendre, du moment que ça laisse une marque. Avec sa voix de prolétaire, rauque et fougueusement explicite, Earl Thompson a écrit un livre aux bords tranchants, aussi honnête qu'inoubliable.
Tattoo est le portrait poignant d'une existence où les estropiés de la vie, ceux du mauvais côté de la barrière, échouent toujours à atteindre le bon.