Les républicains marchent sans prédécesseurs ; ils marchent sans rien savoir de ce qui se tient au bout du chemin ; ils marchent en posant un pied puis un autre, et, entre chacun de leurs pas, des armées se dressent pour que le monde reste ce qu'il est.
Alger, 1956. Jeune ouvrier communiste anticolonialiste rallié au FLN, Fernand Iveton a déposé dans son usine une bombe qui n'a jamais explosée. Pour cet acte symbolique sans victime, il est exécuté le 11 février 1957, et restera dans l'Histoire comme le seul Européen guillotiné de la guerre d'Algérie. Ce roman brûlant d'admiration, tendu par la nécessité de la justice et cinglant comme une sentence, lui rend hommage.
En avril-mai 1988, l'affaire de la prise d'otages de la grotte d'Ouvéa, en Nouvelle-Calédonie, s'est soldée par une intervention militaire et un bilan de 21 morts, dont 19 Kanaks. Parmi eux, Alphonse Dianou, vingt-huit ans, meneur charismatique du FLNKS. Parti enquêter sur ce personnage complexe, Joseph Andras a rencontré, sur un atoll du bout du monde, des citoyens français dont beaucoup rêvent d'indépendance. Un livre qui entend participer au débat alors que s'organise le référendum pour l'autodétermination de la Nouvelle-Calédonie (novembre 2018).
Un chien à Londres en 1903, un singe à Riverside en 1985, une vache et son veau à Charleville-Mézières en 2014 sont les protagonistes de cette fresque en trois panneaux qui évoque les rapports entre animaux et humains à l'ère industrielle, ou plus précisément l'assujettissement d'êtres vivants doués de sensibilité à d'autres êtres vivants doués de sensibilité mais également dotés d'une froide rationalité.
L'auteur part à la recherche des traces du jeune Hô Chi Minh à l'époque où il s'appelait Nguyên Ai Quôc et où il habitait Paris, ce temps où il affûtait les armes idéologiques de la révolution qu'il allait mener en "Indochine" avant d'être pris par les logiques propres au pouvoir. Une marche aux allures de méditation sur ce qui fait la grandeur des modestes et sur le caractère indépassable de la révolte.
En 2015, la chanteuse Nûdem Durak a 22 ans lorsqu'elle est condamnée à dix-neuf ans de réclusion par le régime turc. Son crime ? Avoir défendu, par sa musique, la lutte et la culture de son peuple - kurde. À ce jour, faussement accusée d'être membre d'une prétendue « organisation terroriste », elle est toujours enfermée. Nûdem Durak est condamnée à rester en prison jusqu'en 2034 : à travers elle s'exprime la lutte de tout un peuple pour sa liberté. Joseph Andras poursuit, cinq ans après Kanaky (Actes Sud), son travail d'enquête littéraire : dans un récit incarné, sensible et documenté, fruit de quatre ans de recherche, il reconstitue, à travers la vie de la jeune artiste, l'histoire d'une injustice individuelle et collective. Un récit internationaliste, composé aux côtés de la détenue, comme un vibrant appel à la solidarité pour tous les prisonniers politiques.