Une ascension vertigineuse : 979 mètres de dévers dans la jungle amazonienne.
Aucun drame ne viendra assombrir ce récit tout empreint de délicatesse, d'émotion et d'humour. Pour autant, notre pimpante aventurière sait aussi aiguiser sa plume lorsqu'il s'agit d'évoquer les tensions et les dangers qui agitent et menacent la petite troupe.
Hiver 1933. Alors qu'Hitler vient de prendre le pouvoir en Allemagne, Annemarie Schwarzenbach n'hésite pas un seul instant : sa place ne peut être que dans l'opposition. Mais la question essentie lle à ses yeux est de savoir quelle forme va pouvoir prendre son engagement politique. Tout comme ses amis Klaus et Erika Mann mais sans y être directement contrainte par les événements, elle va choisir la fuite. Mais une fuite qui doit donner une orientation constructive à sa vie, à l'écart des dangers et de la confusion du monde. Face au drame qui se joue en Allemagne, Annemarie veut prendre du champ et de la hauteur, et c'est bien ce qu'exprime le titre de l'ouvrage qu'elle a commencé au début de l'année : Le Refuge des cimes.
Le héros de ce roman, Francis von Ruthern, fils aîné d'un junker prussien, rentre en Europe après avoir passé dix ans en Amérique du Sud. Mais il ne parvient pas à reprendre pied dans la vie normale. Il trouve alors refuge dans une station de ski au-dessus d'Innsbruck. Là, son destin croise celui d'hommes et de femmes tout aussi accablés que lui par un sentiment d'étrangeté face à eux-mêmes, par leur incapacité à communiquer, à aimer, à trouver leur voie. Dans la montagne, les jours s'écoulent entre l'immensité vide des champs de neige, les courses à ski et la vie tissée d'ennui d'un hôtel de luxe. Chacun est dans l'attente d'un événement qui pourrait lui permettre de donner une orientation à sa vie, et c'est finalement à Francis qu'est dévolue cette « chance » : quand son frère Carl Eduard, un officier de l'armée de métier, se tire une balle en plein coeur, il doit redescendre dans la vallée où « tous les chemins s'ouvrent à lui ». La mort de Carl Eduard et la confrontation avec un monde en proie aux flambées nationalistes opèrent sur lui une sorte de catharsis : il découvre la valeur de la vie et de l'amour. Se sentant inapte à se lancer dans la mêlée où « s'affrontent les puissances humaines déchaînées», il réalise que sa place est en haute montagne, là où il pourra répondre aux attentes des autres tout en développant ses aptitudes propres. Il en recevra d'ailleurs la confirmation quand l'occasion lui sera donnée de sauver la vie d'un jeune garçon égaré dans la neige et le brouillard.
Joe Simpson et Simon Yates, deux jeunes alpinistes britanniques, tentent la première et ambitieuse ascension de la face ouest du Siula Grande dans les Andes du Pérou.
Ils atteignent le sommet, mais c'est à la descente que se produit le drame. Dans la tempête, Joe tombe à travers une corniche de neige et se blesse gravement à la jambe. A 6000 mètres, sur cette montagne isolée du monde, il n'a aucune chance de s'en sortir. Il le sent. Et Simon sait qu'en voulant porter secours à son compagnon, il n'en réchappera pas non plus.
Que se passe-t-il dans la tête d'un homme condamné à trancher la corde au bout de laquelle est suspendue la vie de son ami ? A quoi peut penser celui dont l'existence ne tient plus qu'à un fil ? Comment peut-on trouver la force de lutter encore, contre toute raison, alors que la mort semble déjà avoir gagné ?
Cette expérience effroyable et exceptionnelle, Joe Simpson l'a racontée dans un livre (Touching the void en anglais) traduit en une quinzaine de langues et devenu un best-seller international. Son récit est d'une intensité dramatique exceptionnelle. Car au-delà du combat pour survivre qu'aucun romancier n'aurait osé imaginer, La Mort suspendue est un témoignage bouleversant sur la souffrance, physique et psychique, mais aussi sur l'amitié.
Ce livre, Joe Simpson l'a écrit avec une maîtrise littéraire étonnante. Le drame qui aurait dû lui coûter la vie lui a ainsi ouvert une carrière d'écrivain. En effet, il a depuis publié cinq autres ouvrages, tous traduits en plusieurs langues.
Professeur d'art et alpiniste de renommée internationale, Jonathan Hemlock est surtout un tueur spécialisé dans les sanctions :
L'assassinat d'agents ennemis pour le compte de l'organisation secrète CII. En représailles du meurtre d'un agent du CII, Jonathan doit infliger une nouvelle sanction. Sa cible fait partie d'une équipe qui va tenter l'ascension d'une des plus dangereuses montagnes des Alpes, l'Eiger par la face Nord. Hemlock se joint à cette expédition en vue d'exécuter sa mission. Seul problème : il ignore lequel de ses trois compagnons de cordée est l'homme à abattre.
Chargé de capturer un Touareg meurtrier, le lieutenant Beaufort, rude Savoyard et novice du désert, prend le commandement de l'expédition du Pr Lignac. Sur la route secrète de l'or et des esclaves, tensions et conflits se multiplient, alors qu'un bras vengeur cherche à décimer le convoi.
Au bout du monde, dans la nuit bleue d'un Sahara où pullulent vipères et frelons géants, une aventure terrible et exaltante soudera pour toujours ces hommes en quête de paix intérieure.
Depuis sa parution en 1951, Contes à pic est demeuré l'un des livres les plus populaires de la littérature alpine. C'est aussi l'un des plus originaux, car il s'agit bien de contes, genre littéraire particulièrement délicat, précisément parce que l'auteur peut tout s'y permettre... Et Samivel ne s'en prive pas : ses «héros» sont cristalliers, alpinistes ou guides, mais on y croise aussi un saint facétieux et Napoléon, des marmottes qui parlent et un caillou qui pense. Et, quand il s'agit de raconter l'épisode le plus célèbre de l'histoire de l'alpinisme, la première ascension du Cervin, Samivel le fait du point de vue des choucas... Des gravures préhistoriques de la vallée des Merveilles aux montagnes sacrées de l'Himalaya en passant par les glaciers des Alpes, Contes à pic mêle avec verve, humour et fantaisie la légende - réelle ou inventée - à la réalité historique, et la vie intime des hôtes de la montagne, qu'ils soient à poil ou à plume, aux actions et aux passions des hommes.
Pour ramener à bon port le corps de son père, foudroyé en pleine ascension, Pierre est prêt à braver tous les dangers. À Chamonix, les guides se mobilisent : Servettaz était le meilleur d'entre eux. La montagne est une redoutable tueuse, elle sélectionne impitoyablement ses victimes. Celles-ci le savent bien, elles qui la consomment comme une drogue et la portent dans leur sang. Une histoire qui parle de passion, de courage et de la solidarité des hommes.
1943. Partout, la guerre. Même en Savoie, des hommes ne cèdent pas.
Sous le couvert des sapins, ils s'organisent à l'abri des hautes vallées neigeuses. Ils sont trois combattants de l'ombre : Rivier, le héros du pays, l'ancien de l'armée des Alpes, Laurent, le grand gosse que les épreuves vont transformer en chef, et Rodriguez, l'Espagnol fier et amoureux de la jeune Philo, qui, sous sa beauté délicate, cache un courage de fer. Clandestinement, ils servent tous un idéal et engagent leur vie sans mots inutiles... parfois jusqu'à la mort.
Les six faces nord les plus célèbres des Alpes, celles du Dru, des Grandes Jorasses, de l'Eiger, du Cervin, du piz Badile et de la Cima Grande di Lavaredo, la quintessence même de l'alpinisme de haute difficulté, le guide Gaston Rébuffat fut le premier à les avoir gravies toutes les six.Étoiles et Tempêtes raconte l'ascension de chacune d'elles. Un grand classique de la littérature alpine et, malgré des épisodes parfois dramatiques, le récit lumineux d'une aventure profondément humaine. Car la haute montagne selon Rébuffat est avant tout affaire d'amitié, pour les hommes comme pour les sommets. Plus qu'aucun autre, l'auteur a le don de transmettre cette passion dévorante et de faire ressentir à chacun l'atmosphère si subtile de l'altitude.Publié pour la première fois en 1954, traduit en de nombreuses langues, Étoiles et Tempêtes est le chef-d'oeuvre de Gaston Rébuffat.
Pourquoi la montagne exerce-t-elle une telle fascination ?
Redoutées jadis, vues comme de hideuses verrues de pierre, les montagnes sont considérées depuis Rousseau comme le lieu de l'allègement et de la sérénité, par opposition aux villes dévoyées. L'attraction qu'elles suscitent ne faiblit pas depuis.
Enfant de la neige et des sapins, élevé en Autriche et en Suisse, l'auteur a une relation très particulière avec son sujet : plus il monte en altitude, plus il renoue avec sa jeunesse. En sorte que cet essai sur la montagne s'inaugure comme une forme d'autobiographie sensible, où tous les sens concourent à la remémoration du passé : grimper, c'est pour lui rajeunir en esprit, renouer en une seule boucle les deux parties de sa vie.
Au-delà des souvenirs personnels, la randonnée est un exercice de l'amitié, qui lie ensemble les membres d'une même cordée ou d'une même course.
Mais pourquoi grimper au sommet si c'est pour en redescendre, pourquoi la souffrance de l'escalade se convertit-elle en jouissance, pourquoi l'absurdité de cette pratique rend-elle anodine l'absurdité de l'existence, quelle métaphysique de l'absolu se joue-t-elle là, quel défi au temps, au vieillissement, à la peur panique, au danger frôlé pour être mieux conjuré?
Y a-t-il encore place pour une ontologie de l'héroïsme dans nos temps post-héroïques ? Au-delà de 2000 mètres, le surhomme nietzschéen est un aimable farceur...
Dans un style chatoyant et sensuel, cet essai-récit fond dans une même neige choses vues et lues, littérature et philosophie, rituels d'une pratique passionnée et questionnements sur le sens de la vie, la destruction de notre écosystème, le crépuscule d'une forme d'aventure menacée comme un chef d'oeuvre en péril.
La ruée vers les sommets dit-elle à sa manière la fin d'un monde ?
« Rémy et Laure partageaient le sommet de Croisse-Baulet et, si modeste qu'il fût, il faisait pour eux de cet instant un moment inoubliable.
Rémy connaissait trop la force de cette communion pour y mêler les gestes minuscules de l'amour. Il sentait que son désir était partagé, que cette émotion avait la valeur d'une étreinte et que Laure, pas plus que lui, ne pourrait l'oublier. Tout devait garder son ampleur, sa grâce. Les petites effusions, les maladroites caresses humaines, dans ces décors de lumière, d'espace et de vent, sont dérisoires et même insupportables. Il fallait laisser l'esprit se mouvoir sans contraintes. Le regard était suffisant pour exprimer l'émoi et celui de Laure parlait sans ambiguïté.
Ils retirèrent les peaux de phoque des skis, réglèrent les fixations pour la descente et raccourcirent les bâtons. Puis, sans se hâter, l'esprit plein d'un moment qu'il était inutile de faire durer tant il était saturé d'infini, ils s'élancèrent dans la pente. »
Simon Parcot est écrivain et philosophe. L'année de ses vingt ans, un drame l'envoie sur les routes : il part sur les chemins de Compostelle et de Stevenson en soli taire, marche en Himalaya puis revient en France vivre dans la vallée sauvage du Vénéon (Oisans). La montagne et son univers lui inspirent Le Bord du monde est vertical, son premier roman.