Dans Ce lien qui ne meurt jamais, Lytta Basset racontait comment elle avait fait l'expérience de contacts avec son fils aîné mort par suicide à l'âge de vingt-quatre ans. Mais la théologienne protestante, à la fois par discrétion et parce que sa formation ne l'avait pas préparée à de tels aveux, n'avait alors pas tout dit des circonstances qui l'avaient amenée à témoigner. Quinze ans plus tard, elle ose révéler ce qu'elle appelle « l'Evénement improbable » qui l'a « remise dans le courant de la vie ». Loin de toute motivation sensationnaliste, si elle s'est décidée à prendre la parole, c'est pour aider ceux qui traversent le deuil d'un enfant à ne plus se dire qu'on « ne s'en remet jamais ». Validant l'existence des VSCD - « vécus subjectifs de contact avec un défunt » - elle relit la littérature sur ces questions délicates, en faisant toujours le lien avec les différents récits évangéliques autour de la Résurrection. Un témoignage proprement extra-ordinaire et un essai courageux.Lytta Basset a publié de nombreux ouvrages, principalement chez Albin Michel, dont Oser la bienveillance (2014), La Source que je cherche (2017) et Faire face à la perversion (2019). Ce lien qui ne meurt jamais (2007) est aujourd'hui disponible au Livre de Poche.
Soulevée dès l'Antiquité, la question de l'existence d'une vie extraterrestre fait l'objet d'un débat passionné depuis le XVIIIe siècle. L'essor de l'astrobiologie a suscité un engouement populaire pour le phénomène ovni, en même temps qu'il a réactivé l'une des interrogations primordiales de l'humanité : y a-t-il une vie ailleurs ? Sceptiques, ufologues, scientifiques, théologiens, auteurs de science-fiction... Entre ces points de vue pourtant distincts, il n'en existe pas moins une certaine porosité, qui sont autant de manières de questionner notre place et notre devenir dans l'univers. Comment réagirait l'humanité si elle était amenée à la rencontre du « troisième type » ? Les conjectures de ce genre présupposent bizarrement toujours l'existence de civilisations extraterrestres développées, et révèlent tacitement l'anthropomorphisme fantasmé qu'accompagnent ces spéculations ! Loin de prétendre apporter des réponses certaines, Renan Larue et Estiva Reus explorent surtout des représentations qui en disent long sur ceux qui les imaginent...
Le sport... Tout le monde en parle, mais sans vraiment le définir. Quel pan de nos activités humaines recouvre-t-il exactement ? Quel rôle joue-t-il dans le développement de chacun ? Quelle place occupe-t-il dans nos sociétés ? Sait-il justement rester à sa place ? Quelles valeurs véhicule-t-il ? Et que penser du sacro-saint football ?
Autant de questions auxquelles André Comte-Sponville s'efforce de répondre avec honnêteté et acuité dans cette série d'entretiens menés tambour battant. Il y expose ce qui, selon lui, constitue les vertus et les limites du sport, et analyse avec passion et humour les phénomènes et enjeux clés de cette thématique trop peu explorée.
Dès ses débuts, le punk feint la bêtise et revendique un certain « analphabétisme culturel ». Pourtant, comme genre musical et comme subculture, le punk a déployé un ensemble de valeurs politiques, sociales et de positions théoriques permettant de s'orienter dans l'existence, au point de faire naître des ouvrages de « philosophie du punk ». S'il est possible de détailler, dans toutes ses nuances, les éléments de cette philosophie en retrouvant leurs racines théoriques souvent souterraines - du transcendantalisme au situationnisme -, cet ouvrage adopte une autre démarche : étendre le champ d'action du punk dans le domaine de la pensée. Sans chercher à convertir une subculture en système philosophique, cet ouvrage cherche à montrer ce que le punk éclaire comme corpus théorique, afin d'ouvrir la possibilité de relire l'histoire de la philosophie à la lumière du punk
La science est toujours présentée à travers ses succès. Comme une imprenable citadelle. La situation, pourtant, se révèle être un peu plus complexe. Littéralement parlant, toutes les théories sont fausses. Elles seront un jour remplacées par de meilleurs modèles qui, bien souvent, feront table rase des concepts passés.
A la base de ces révolutions, magnifiques et inquiétantes, se trouvent les anomalies. Elles s'immiscent par effraction dans le paradigme des modèles standards. Elles grèvent l'édifice patiemment construit par les scientifiques. Certaines ne sont que des étrangetés passagères, fugaces, mais d'autres tiennent bon et déclenchent des tempêtes. A partir de ces anomalies, s'esquissent les prémisses d'une nouvelle science qui reste pour l'essentiel à écrire.
De la curieuse hégémonie de la matière dans l'Univers aux mystères des trous noirs et du vide quantique, Aurélien Barrau vous emmène sur ce chemin inconfortable de la science, jalonné de fissures.
La révolution numérique bouleverse nos modes de vie, nos économies et nos pratiques sociales. Elle transforme aussi en profondeur notre rapport à l'information. En effet, nous sommes aujourd'hui confrontés à une masse inédite d'informations disponibles et à une concurrence généralisée des points de vue, qui s'expriment sans filtre et selon une logique peu intelligible pour les utilisateurs du web et des réseaux sociaux. Cette saturation et cette dérégulation du marché de l'information en ligne mettent à rude épreuve nos capacités de vigilance intellectuelle, ce qui nous rend davantage perméables aux fausses informations. Désinformation, infox... : les vocables se multiplient pour désigner ces fausses nouvelles qui circulent en ligne et sont susceptibles d'influencer nos attitudes, nos comportements, mais aussi notre représentation du monde environnant, au risque de faire émerger des réalités parallèles et de voir disparaître l'espace commun nécessaire à la confrontation des opinions, des idées et des valeurs : autrement dit, à la vie démocratique.
Sélection Les 100 livres de 2022 - Lire magazine littéraire Un livre absolument nécessaire pour comprendre le nouveau monde dans lequel on vit. Yann Barthès, Quotidien Un essai phare de la rentrée. Marie-Pierre Grondahl, Le JDDL'auteur reconnu de La prospérité du vice et d'autres best-sellers décrypte avec une joyeuse férocité cette prétendue « civilisation » qui va bouleverser nos vies. L'amour ? Désormais c'est Tinder ! Le bureau ? En télétravail ! Un nouveau job ? Ce sont les algorithmes qui recrutent ! Les partis politiques ? C'est sur Twitter ! Au centre de ce nouveau monde ? Homo Numericus, un être submergé de contradictions. Il veut tout contrôler, mais il est lui-même irrationnel et impulsif, poussé à des comportements addictifs par ces mêmes algorithmes qui surveillent les moindres détails de son existence. Faut-il désespérer ? Pas nécessairement. La révolution numérique répond aux attentes d'une société qui voudrait que toute parole soit écoutée, sans vérité révélée. Trouver la voie qui permette d'accomplir cette utopie : telle est aussi l'ambition de ce livre. Économiste reconnu pour sa clarté et son talent de pédagogue en France comme à l'étranger, Daniel Cohen est membre fondateur et Président de l'École d'Économie de Paris. Il a publié de nombreux livres à succès dont Nos temps modernes et Le monde est clos et le désir infini. Aucun autre de ses confrères économistes n'a cette capacité à mobiliser les penseurs les plus pointus de toutes les sciences humaines [...] avec une pédagogoie qui force de respect. Emmanuel Lechypre, L'expressSélectionné pour le Prix Femina EssaiPrix Montaigne 2023
Après avoir travaillé en Alaska avec le peuple Gwich'in, Nastassja Martin a franchi le détroit de Béring pour entamer une recherche comparative au Kamtchatka. Pendant l'époque soviétique, les Even, peuple nomade d'éleveurs de rennes, ont été sédentarisés dans des fermes collectives. Après la chute du régime, beaucoup ont continué d'être les bergers des rennes qui ne leur appartenaient plus, les troupeaux étant aux mains d'entreprises privées. Depuis l'ouverture de la région en 1991, les anciens kolkhozes du Kamtchatka se transforment en plateformes touristiques.
En 1989, juste avant la chute de l'Union soviétique, une famille even aurait décidé de repartir en forêt, recréer un mode de vie autonome fondé sur la chasse, la pêche et la cueillette. Était-ce une légende ? Comment un petit collectif violenté, spolié, asservi par les colons avant d'être oublié de la grande histoire s'est-il saisi de la crise systémique pour regagner son autonomie ? Comment a-t-il fait pour renouer les fils ténus du dialogue quotidien qui le liait aux animaux et éléments, sans le secours des chamanes éliminés par le processus colonial ? Quelles manières de vivre les Even d'Icha ont-ils réinventées, pour continuer d'exister dans un monde rapidement transformé sous les coups de boutoir de l'extractivisme et du changement climatique ?
Dans ce livre, où les rêves performatifs et les histoires mythiques répondent aux politiques d'assimilation comme au dérèglement des écosystèmes, l'autrice fait dialoguer histoire coloniale et cosmologies autochtones en restituant leurs puissances aux voix multiples qui confèrent au monde sa vitalité.
Notre littérature est remplie de peuples dont l'existence a d'abord été soupçonnée dans l'Antiquité (les Blemmyes, peuple sans tête, décrit par Pline), fantasmée au cours du Moyen Âge (les Amazones, ces guerrières invincibles d'une Europe ravagée par les conflits), attestée « scientifiquement » et redéfinie du xvie au xixe siècles (de la rencontre avec les indigènes d'Amériqueà l'invention des Pygmées par la « science » racialiste), puis regrettée et réinventée au xxe (l'extraterrestre de Roswell, incarnation de la rencontre du troisième type).
C'est cet imaginaire que propose d'explorer Olivier Philipponnat dans un voyage littéraire, aussi érudit que divertissant, à travers les méandres des fantasmes et des préjugés successifs des découvreurs ou prétendus tels.
Nul n'avait entrepris de recenser et de cartographier, de l'Antiquitéà nos jours, l'ensemble des peuples dont l'histoire a montré qu'ils n'avaient pas existé, ou que leurs moeurs et leurs caractéristiques avaient été décrites de façon fantaisiste ou erronée, mais auxquels les hommes ont cru ou voulu croire, leur consacrant quantité de traités plus ou moins sérieux, de témoignages sincères ou frauduleux, de relations authentiques ou utopiques.
Lydia Flem invite à prendre soin de soi, d'autrui et du monde. Que ce soit dans Comment j'ai vidé la maison de mes parents ou La Reine Alice, le souci de l'intime parcourt son oeuvre. On retrouve ici son choix de suivre les voies de la littérature et de l'art pour aborder des questions généralement cloisonnées dans telle ou telle autre discipline des sciences humaines.
Bouche bavarde oreille curieuse : quatre mots pour dire quatre décennies de textes inspirés par la psychanalyse, le cinéma, la sociologie, l'histoire de l'art, la photographie, le théâtre et l'opéra, la littérature et l'écriture de l'histoire. Lydia Flem y aborde la puissance des stéréotypes, notamment ceux du masculin dans les westerns, ces récits mythiques nés à Hollywood, où la femme est représentée comme une menace pour les hommes. Le regard masculin semble se définir par le déni du féminin. On y retrouve une idée sous-estimée : la fragilité de l'identité virile.
Comment penser l'impensable. Dans ce recueil, Lydia Flem ranime des interrogations anciennes toujours actuelles : depuis des siècles, la violence sous les toits paternels, le viol et l'inceste.
On se souvient alors de Freud, si présent dans ce volume. Car si l'inconscient est porteur d'art et de créativité, il nous confronte aussi, chaque jour, aux puissances de l'irraison quand la peur et la haine distillent des rumeurs. Dans son expression brute, immédiate, sans les filtres de la raison et de la distance, les pulsions meurtrières de l'humanité, qu'on imaginait archaïques, occupent soudain des scènes qui nous sont contemporaines.
Le Covid a révélé un syndrome épidémique : le syndrome de l'autruche. Déni de la gravité de la pandémie, déni de l'utilité de la vaccination, déni d'humanité à l'égard des personnes âgées interdites de visite dans les Ehpad... Si la liste est longue, l'origine de la situation est la même : une réalité à laquelle il nous semble impossible, au moins provisoirement, de faire face, parce qu'elle est trop différente de ce que nous désirons, ou parce qu'elle remet en cause notre représentation de nous-mêmes, des autres et du monde.Alors, comment un déni s'installe-t-il ? Quelles en sont les particularités ? Peut-on être dans le déni d'une partie de soi ? Et surtout, comment en sortir ? Dans cet essai passionnant, Serge Tisseron décrypte la fabrique contemporaine de l'aveuglement, qui empêche les sociétés et les individus d'agir face aux crises. Il donne ainsi les clés pour comprendre cet enfermement qui peut amener au complotisme et s'en libérer afin de démêler, ensemble, les situations « incroyables » auxquelles nous sommes de plus en plus souvent confrontés.Serge Tisseron, psychiatre, docteur en psychologie, membre de l'académie des technologies, est l'auteur de nombreux ouvrages dont, aux éditions Albin Michel, Vérités et mensonges de nos émotions, L'empathie au coeur du jeu social.
Terre d'aventures et de liberté, l'Ouest américain fascine avec ses grands espaces, les traditions de ses tribus emblématiques, son mythe éternel du cow-boy. C'est le lieu où l'Amérique a forgé sa légende. Une légende ravivée par le cinéma, la télévision, la littérature, et dont le Montana offre la quintessence. Des Rocheuses aux Grandes Plaines, des coulisses du parc de Yellowstone à celles du champ de bataille de Little Bighorn, Sylvie Brieu, grand reporter et écrivaine, nous entraîne dans un road-trip captivant à la rencontre d'Indiens, de champions de rodéo, d'auteurs, d'artistes et de spécialistes de la faune sauvage. Leur amour inconditionnel pour un environnement exceptionnel, aujourd'hui menacé, nourrit leur sens très profond de la communauté et leur résistance. Loin des clichés d'une nation individualiste, de truculentes personnalités s'unissent dans des alliances redoutables pour dessiner un « Nouvel Âge environnemental ». L'avenir des Etats-Unis se jouerait-il dans les marges ?Dans ce livre intime et lumineux, Sylvie Brieu dresse le portrait d'une Amérique rebelle où les femmes jouent un rôle de premier plan, et où la beauté naturelle est le meilleur antidote au désespoir.
S'il émane d'une historienne, l'essai que voici parle de littérature. C'est avant tout le livre d'une lectrice. Lectrice depuis longtemps assidue au tête-à-tête familier et toujours passionnel avec les textes littéraires mais tout à coup renvoyée à sa bibliothèque par un aujourd'hui devenu impitoyable. Il me fallait «tuer le temps».Les grands textes de fiction inventent leur puissance de vérité propre, y compris historique. Ils figurent des formes et des savoirs du temps, une pensée de l'événement, de l'attente, du recyclage, de la disparition et de la perte; ils enregistrent, parfois malgré eux, un nécessaire travail du négatif opposé au tropisme progressiste de notre modernité. Ils nous enjoignent non pas seulement de ralentir ou de tourner le dos au «Progrès» - déjà tout un programme! -, mais bien de réviser nos cadres temporels eux-mêmes. Ce faisant, depuis la Révolution française, les écrivains interrogent affectivement ce que signifie «être contemporain» de son époque; de quelle façon vivre - ou ne pas - vivre avec son temps.L'itinéraire de lectures ici présenté est buissonnier et sans aucune ambition systématique, cheminant à sa guise, dans un corpus de livres aimés, romans, récits ou grandes oeuvres de sciences sociales, d'histoire et d'ethnologie. Chaque chapitre ménage une rencontre entre les uns et les autres et révèle des styles de pensée comparables, organisant des constellations d'oeuvres complices. Toutes décrivent magnifiquement une carte des possibles de l'existence. Souhaitons que ce livre, nourri des mille façons de vivre le temps, nous aide à mieux habiter le nôtre.E.L.